Le numéro un mondial du luxe LVMH, propriétaire de Louis Vuitton, Céline, Givenchy ou encore Guerlain, a signé en 2011 une nouvelle année de records conclue par un bénéfice net de plus de 3,9 milliards de dollars, qui confirme l'éclatante santé du secteur malgré la crise.

C'est «un nouveau grand millésime», s'est félicité le PDG du groupe, le milliardaire Bernard Arnault, après une année 2010 déjà faste.

Un an après avoir franchi la barre des 26 milliards de dollars de ventes, LVMH a hissé son chiffre d'affaires 2011 au-dessus de 30 milliards. Le bénéfice opérationnel, pour la première fois, dépasse 6,6 milliards.

Toutes les branches du groupe (mode et maroquinerie, vins et spiritueux, montres et joaillerie, parfums et cosmétiques, distribution sélective) sont en nette progression, et la marge s'est sensiblement améliorée.

Les ventes sont toujours largement tirées par Vuitton, la griffe star de LVMH qui «connaît une nouvelle année record» et «enregistre à nouveau sur l'année une croissance à deux chiffres».

À lui seul, Vuitton assure traditionnellement plus d'un tiers des ventes du groupe et plus de la moitié du bénéfice opérationnel.

LVMH a largement profité de l'appétit croissant des Asiatiques pour le luxe, qu'il s'agisse de mode, de maroquinerie ou d'alcools. Le groupe, qui possède entre autres les champagnes Ruinart, Moët et Chandon et Dom Perignon ou le cognac Hennessy, a vu ses ventes bondir de 27% en Asie.

L'Asie assure désormais 35% du chiffre d'affaires du groupe (+2%), soit 8% pour le Japon et 27% pour le reste de l'Asie.

Mais les marchés matures comme l'Europe ou les États-Unis ont aussi bien résisté. L'Europe a représenté 21% des ventes en 2011, la France 12%, les États-Unis 22% et les autres marchés 10%.

Pour faire face à la demande, LVMH a dû par exemple augmenter ses capacités de production dans la maroquinerie.

Lejaby «dans l'intérêt général»

Vuitton va en récupérer de nouvelles en se portant, avec son fournisseur Sofama, au secours du dernier atelier de confection de lingerie Lejaby en France. Vuitton va assurer plusieurs années de commandes à cet atelier d'Yssingeaux (Haute-Loire), reconverti en maroquinerie.

C'est «dans l'intérêt général et dans l'intérêt du groupe», a dit M. Arnault. «Notre entreprise est très fière d'avoir sauvé 90 emplois dans cette région».

Plein de projets, Vuitton, dont le patron Yves Carcelle partira dans un an, veut aussi regrouper l'ensemble de ses activités horlogères à Genève.

«L'année 2011 a été une année excellente comme l'était 2010 et comme je l'espère le sera 2012», a estimé Bernard Arnault, jugeant son groupe «très bien placé».

En janvier, «les tendances sont les mêmes qu'en fin d'année», s'est-il réjoui. Malgré le «contexte économique incertain», LVMH estime avoir «les meilleurs atouts» et «se fixe à nouveau comme objectif de renforcer son avance sur le marché mondial du luxe» cette année.

L'activité de la branche Montres et Joaillerie a particulièrement bondi, profitant du rachat de Bulgari, «à un prix substantiel (5,6 milliards de dollars, ndlr) mais qui n'a pas vraiment abîmé le bilan» selon M. Arnault.

Se félicitant de «l'alliance conclue avec la famille Bulgari», il a concédé avoir lorgné sur Bulgari et cherché à «concrétiser ce rapprochement» depuis une dizaine d'années. Mais en 2012, la priorité sera la croissance interne du groupe, a-t-il dit.

Quant à Hermès, engagé dans un bras de fer avec LVMH qui détient 22,28% du capital après y avoir fait irruption fin 2010 au grand dam des héritiers familiaux, M. Arnault a juré que LVMH n'avait jamais eu l'intention d'en prendre le contrôle. Car LVHM n'a «aucune volonté hégémonique».