Les rabais de détaillants inquiets en fin d'année ont peut-être fait oublier un peu que l'inflation moyenne en 2011 avait été la plus élevée en 20 ans au Canada.

Grâce aussi à un ultime repli des prix de l'essence, l'Indice des prix à la consommation (IPC) a reculé de 0,6% de novembre à décembre, faisant baisser, contre toute attente, le taux annuel d'inflation de 2,9% à 2,3%, a indiqué hier Statistique Canada. D'octobre à novembre, l'IPC avait progressé de 0,1%.

Les prix ont reculé dans neuf provinces. Au Québec, l'IPC a reculé de 0,5% freinant le rythme d'inflation à 2,5%.

L'agence fédérale a observé des reculs dans les prix des vêtements, de l'ameublement, des loisirs et des transports - une catégorie qui recoupe les véhicules. Tout cela a fait chuter de 1,1% les prix des biens, alors que ceux des services ont reculé de 0,1%, seulement.

Si des rabais des détaillants sont chose courante en décembre, ils ont été particulièrement élevés cette fois-ci. «En moyenne, les soubresauts attribués aux effets des saisons sont responsables d'une réduction mensuelle de l'IPC total de 0,26% en décembre, calcule Benoit P. Durocher, économiste principal chez Desjardins. Cette fois-ci, les effets saisonniers ont engendré à eux seuls une baisse mensuelle de 0,41%.»

Si on examine la marche des prix sur une base désaisonnalisée, on constate un repli plus modeste de 0,2%, attribuable en grande partie aux prix de l'essence. Malheureusement, ce répit aura été de courte durée, puisque la cherté du litre est revenue frapper les automobilistes tout comme le froid mordant, en janvier.

«Durant le temps des Fêtes, on a assisté à des soldes d'une intensité incroyable causés par la confiance déclinante des consommateurs, rappelle Doug Porter, économiste en chef désigné chez BMO Marchés des capitaux. La question est de savoir si ça va continuer. Nous pensons que c'était plutôt la merveille d'un seul mois.»

Si on exclut de l'IPC ses huit composantes les plus volatiles parmi lesquels l'essence, les fruits et les légumes, on constate que l'inflation tendancielle (IPCX) a reculé de 0,2% sur une base désaisonnalisée, mais est restée stable quand on la dépouille de ses effets saisonniers, de novembre à décembre. Sur une base annuelle, l'IPCX, qui sert de baromètre à la Banque du Canada de la tendance des prix, est passé de 2,1% à 1,9% de novembre à décembre.

L'effet des rabais des concessionnaires automobiles a été compensé par la hausse des primes pour les assurer ainsi que des prix des repas au restaurant.

Ce fort repli aura déjoué tous les prévisionnistes y compris ceux de la Banque du Canada. Mercredi, les autorités monétaires avaient tablé sur une progression annualisée de 2,8% de l'IPC au dernier trimestre. Elle aura été de 2,7%. La faiblesse de l'IPCX est plus marquée: 2,0% alors que la Banque avait prévu 2,2%. «Le rythme de progression annualisée de l'IPCX au quatrième trimestre est tombé à 0,7% alors qu'il se situait à 4,2% de juin à septembre, observe Matthieu Arseneau, économiste à la Banque Nationale. Il serait dangereux d'assumer que ce rythme va se maintenir au cours des mois à venir.»

Le rythme annuel de 2,3% est la mesure de l'inflation entre décembre 2010 et décembre 2011. Si on considère la moyenne de la hausse des prix de 2011 sur celle de 2010, on obtient un résultat bien différent.

À 2,9%, la variation annuelle moyenne de l'inflation moyen est la plus élevée depuis 1991. En 2009 et 2010, la variation moyenne des prix avait été de 0,6% et 1,2% seulement.

En 1992, rappelons-le, le Canada était embourbé dans une longue récession et la Banque du Canada avait reçu le mandat de faire évoluer la hausse des prix dans une fourchette de 1% à 3% avec 2% pour cible.

Elle y est toujours parvenue, avec cependant des écarts considérables d'année en année. C'est la première fois que l'inflation moyenne est si près de la borne supérieure de sa fourchette.

Cette borne a même été atteinte au Québec où le taux d'inflation a été en moyenne de 3,0%.

La progression moindre des salaires présage de pressions à venir.