Après un repli en octobre, les exportations canadiennes de marchandises se sont redressées en novembre au point où le déficit commercial s'est transformé en un joli surplus de 1,1 milliard.

Statistique Canada a en outre ramené de 890 à 490 millions le déficit d'octobre.

En valeur, les exportations ont progressé de 3,2% tandis que les importations reculaient de 0,8%.

Les expéditions vers les États-Unis ont augmenté d'un demi-milliard. «Ces exportations atteignent maintenant un sommet inégalé depuis trois ans», fait remarquer Krishen Rangasamy, économiste à la Banque Nationale. Le Canada a dégagé un excédent commercial de 4,5 milliards avec les États-Unis, en hausse d'un milliard sur celui d'octobre.

Les livraisons vers l'Union européenne ont bondi de près de 700 millions pour un nouveau sommet de 4,15 milliards. Notre déficit de 368 millions d'octobre avec elle s'est transformé en un surplus de 249 millions, tandis que le léger excédent avec le Japon a tout de même doublé à 81 millions.

Seul le déficit avec les autres pays membres de l'OCDE s'est creusé de 350 millions, en bonne partie à cause d'une augmentation des importations de pétrole et de mazout.

L'augmentation des livraisons canadiennes à l'étranger était très diversifiée: produits agricoles, énergétiques, biens industriels, machinerie et équipement, produits automobiles. «Les livraisons de l'industrie automobile ont augmenté pour un troisième mois d'affilée, signale Paul Ferley, économiste en chef adjoint chez RBC. Cela reflète le raffermissement des ventes de véhicules aux États-Unis.»

Le déficit de nos exportations nettes d'automobile s'est rétréci à 400 millions. «C'est le plus faible depuis 2008, note Benjamin Reitzes, économiste chez BMO Marchés des capitaux.

Seuls les produits forestiers accusent un recul significatif de près de 5%. Le ralentissement du marché de l'habitation chinois a sans doute pesé sur les expéditions de la Colombie-Britannique.

Ces bons résultats ont complètement pris de court les prévisionnistes qui misaient plutôt sur un déficit d'un demi-milliard. Une autre belle surprise les attendait. Exprimées en volumes, les exportations nettes se sont améliorées de 800 millions grâce une augmentation de 1,5% des exportations et à une baise de 0,6% des importations.

Le scénario de la plupart des économistes mise sur une contribution négative du commerce extérieur à la croissance durant l'automne. Avec les données d'octobre et de novembre, et ce que révèlent les indicateurs économiques américains de décembre sur la production industrielle et les ventes de voiture, cette hypothèse pourrait ne pas s'avérer.

Cela suggère aussi que la Banque du Canada révisera sans doute, mercredi dans son nouveau Rapport sur la politique monétaire, l'estimation de l'expansion au quatrième trimestre. En octobre, elle avait tablé sur 0,8% seulement en rythme annualisé, ce qui paraît un peu faible.

Du côté américain, les données du solde commercial ont réservé aussi une surprise aux prévisionnistes. Mauvaise celle-là.

Le déficit de la balance commerciale de biens et de services de 4,5 milliards pour atteindre 47,8 milliards. Il s'agit du pire résultat depuis mai qui met fin à plusieurs mois d'amélioration d'affilée.

Les exportations ont diminué pour un deuxième mois d'affilée tandis que les importations ont bondi de 1,3%, mues en bonne partie par les achats d'automobiles.

Les livraisons vers l'Union européenne ont diminué, reflétant les difficultés économiques du Vieux Continent.

La détérioration de la balance commerciale signifie un apport moindre de ce secteur à la croissance de fin d'année. «Pour 2012, on s'attend même à des contributions négatives du commerce extérieur, prévient Francis Généreux, économiste principal chez Desjardins. L'économie américaine devra donc compter davantage sur sa propre demande.»