Comme plusieurs sociétés en 2011, BCE a mis en place un programme ambitieux de rachat d'actions. Hier, le géant des télécoms a annoncé qu'elle rachetait 2,1 millions d'actions ordinaires d'un tiers détenteur. Le prix n'a pas été divulgué.

En diminuant le nombre d'actions en circulation, le rachat a pour effet d'augmenter le profit par action, ce qui favorise ensuite l'augmentation de la valeur de l'action, toutes choses étant égales par ailleurs.

Le 8 décembre dernier, BCE avait annoncé le rachat d'ici un an de 6,5 millions d'actions, soit environ 0,8% des actions ordinaires en circulation. «Le rachat d'actions ordinaires constitue une utilisation attrayante des fonds en vue d'accroître la valeur pour les actionnaires, notamment parce qu'il contrebalance la dilution des actions qu'entraîne l'exercice d'options sur actions et qu'il sera financé à même l'encaisse disponible», avait alors expliqué BCE dans un communiqué.

Depuis 2008, BCE a racheté 56 millions d'actions pour un total de 1,5 milliard de dollars. Le titre de BCE a fini la journée à 41,59$, en hausse de 10 cents. Depuis un an, l'action a progressé de 16,5%, dans un marché autrement baissier.

Niveau inégalé depuis 2007

Plusieurs sociétés d'envergure, en particulier aux États-Unis, ont racheté en masse de leurs actions dans la dernière année. La conjoncture s'y prêtait compte tenu de leur sous-évaluation, en terme de ratios cours/bénéfice, et de l'abondance de l'encaisse.

Chez nos voisins du Sud, les programmes de rachat d'actions ont atteint un sommet des quatre dernières années. Les sociétés américaines ont autorisé des rachats de 453 milliards US en date du 11 novembre, selon une compilation de Birinyi Associates, citée par Bloomberg.

Pour certains, ces rachats massifs indiquent que les entreprises gardent confiance dans l'économie; d'autres, en revanche, croient que le phénomène démontre l'absence d'occasions d'investissement attrayantes.

«J'aime les rachats d'actions quand ils se font à un prix inférieur à la valeur intrinsèque de la société comme ç'a été le cas cette année pour IBM, Walmart et Disney», dit pour sa part François Rochon, gestionnaire de portefeuille et président de Giverny Capital.

Plus tôt en mai, Walt Disney a annoncé un rachat d'actions d'une valeur de 16 milliards US, couvrant environ 20% de sa capitalisation boursière. L'action de Disney se vend à 12,4 fois les profits actuellement, comparativement à un multiple moyen de 25,4 fois depuis 1980.

Au Canada, également, plusieurs noms connus ont emboîté le pas. Par exemple, le 25 octobre, la société de chemin de fer Canadien National a rendu publique son intention de racheter 17 millions de ses actions ou 3,82% des titres en circulation.

Début décembre, c'était au tour du transporteur aérien Air Canada d'annoncer le rachat, dans la prochaine année, de près de 25 millions d'actions ou 8,9% du nombre total d'actions émises, une première depuis son retour en Bourse en 2006. L'action se vend aujourd'hui près de 1$, très loin de son prix d'émission de 21$. L'employeur demande des concessions auprès de ses pilotes dans le cadre du renouvellement de leur contrat de travail.

Tommy Nguyen, gestionnaire principal, actions canadiennes, pour la Financière des professionnels, préfère le dividende au rachat d'actions comme moyen privilégié d'enrichir les actionnaires. «Pour augmenter le dividende, l'entreprise doit avoir un bon bilan et le management doit avoir confiance aux perspectives d'avenir de la société», dit M. Nguyen. Étant donné que les entreprises sont sévèrement pénalisées quand elles réduisent le dividende, la décision de l'augmenter devient un engagement à long terme auprès de ses actionnaires.