Justifiée ou non, la perception voulant que le Canada n'ait pas une forte culture entrepreneuriale décourage l'investissement étranger.

Les pays émergents et les États-Unis constituent les deux principaux adversaires du Canada quand vient le temps de convaincre une multinationale à considérer une implantation au pays. Les pays émergents ont la force du nombre, tandis que nos voisins du Sud sont avantagés par le dynamisme de leurs gens d'affaires.

«Les non-Canadiens sondés n'ont pas la perception que la culture entrepreneuriale au Canada est meilleure que les autres», déplore Stéphane Leblanc. Ce facteur importe aux yeux des investisseurs, car un entrepreneuriat fort est le gage d'un dynamisme économique soutenu, explique le fiscaliste d'Ernst & Young.

Accentué au Québec

Seulement 6% des dirigeants étrangers sondés par Ernst & Young trouvent que le Canada a une plus forte culture entrepreneuriale que les autres pays.

«Le problème est encore plus vrai au Québec qu'au Canada», souligne Luc Charbonneau, leader, services à l'entrepreneuriat au sein de la firme d'experts-comptables. Pour y remédier, le gouvernement du Québec a publié en novembre une politique de l'entrepreneuriat qui a pour objectif de trouver 20 000 nouveaux propriétaires d'entreprises d'ici 2020.

Le gouvernement constate que le taux entrepreneurial des 15 à 79 ans a décru au cours des 20 dernières années. Environ deux fois moins de Québécois que de Canadiens auraient l'intention de se lancer en affaires au cours des prochaines années.

«Être entrepreneur, il faut que ça soit valorisé», dit Luc Charbonneau, qui se réjouit de l'ajout de 100 millions dans des mesures de soutien aux entrepreneurs dans le cadre de cette politique. «En gros, il y a 20% de plus dans la nouvelle politique de ce qui avait déjà été annoncé», résume-t-il.

Pour contrer cette perception à l'égard de l'esprit d'entreprise des Canadiens, le pays aurait intérêt à travailler sur son image de marque, croient les deux spécialistes rencontrées au bureau d'Ernst & Young à Montréal.

Selon eux, le branding du Canada comme terre d'accueil d'investissement ne lui permet pas de se démarquer actuellement des pays rivaux.

«C'est un peu décevant que cette perception existe. On a une stabilité bancaire que l'on ne trouve ni aux États-Unis ni en Europe. C'est une question de faire valoir nos bons coups», dit M. Leblanc.

Outre son système bancaire, le Canada compte parmi ses atouts un système de taxation des entreprises relativement simple et avantageux. Les sources de financement y sont aussi variées et abondantes et le pays compte sur une main-d'oeuvre qualifiée.

Malheureusement, le pays ne tire pas autant de bénéfices qu'il le devrait de sa structure fiscale allégée à l'égard des entreprises, note Stéphane Leblanc, parce que les impôts personnels sont plus élevés que ceux de ses voisins immédiats.