La trop faible présence du capital de risque dans le secteur des sciences de la vie nuit à la commercialisation des découvertes pharmaceutiques canadiennes, estime GlaxoSmithKline (GSK). Pour s'attaquer au problème, le géant mondial lance un fonds de 50 millions de dollars destiné à financer des sociétés et des organisations de recherche innovantes au Canada.

C'est la première fois qu'une grande pharmaceutique lance un fonds de ce genre destiné à investir uniquement au Canada, selon le président de GSK Canada, Paul Lucas.

Le fonds servira à soutenir des initiatives scientifiques au stade préliminaire pour faciliter la commercialisation des découvertes.



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«Il existe des fonds gouvernementaux pour soutenir la recherche académique et des fonds pharmaceutiques pour financer la recherche très appliquée, a expliqué à La Presse Affaires le président mondial de la recherche et développement chez GlaxoSmithKline, le Dr Moncef Slaoui. C'est la transition entre les deux qui ne se passe pas naturellement, en particulier parce qu'il n'y a pas de fonds pour la financer.»

Selon Paul Lucas, il y a donc un besoin urgent d'augmenter le «pool» de capital de risque.

Le scientifique en chef du Québec, Rémi Quirion, confirme ce manque de capital de risque, surtout depuis une dizaine d'années. «Il y a moins de capital de risque et il vient plus tard dans le processus de découverte, dit-il en entrevue de Toronto, où il assistait à la conférence de presse de GSK en tant que représentant du gouvernement du Québec. Le fonds de GSK permettra d'agir plus en amont dans le processus.»

Selon lui, le fonds pourra avoir un impact significatif, notamment au Québec, et mener à de nouvelles découvertes et à de nouveaux traitements.

Prises de participation

GSK ne se donne pas de date butoir pour investir les 50 millions. Elle distribuera l'argent au mérite de chacune des occasions. En investissant dans un projet ou une société, GSK prendra une participation, mais ne deviendra pas propriétaire de la société. Chaque société sera libre de croître comme elle l'entend, assure GSK.

En plus des potentiels bénéfices financiers - bienvenus, mais pas essentiels - le géant mondial aura l'avantage de pouvoir suivre de près les avancées scientifiques dans les organisations qu'elle soutient, lui conférant une certaine longueur d'avance au moment d'évaluer la possibilité d'acheter.

GSK Canada gérera le Fonds d'innovation des sciences de la vie conjointement avec SR One, la filiale de capital de risque de GSK au niveau mondial. SR One a investi plus de 600 millions dans le monde au cours des deux dernières décennies.

Un virage majeur

Depuis 2005, GSK a pris un virage majeur dans sa stratégie de recherche et développement (R&D). «Entre 1998 et 2005, nous avons dépensé 5 milliards par année pour notre programme de R-D à grande échelle et nous n'avons pas trouvé un seul médicament, raconte Moncef Slaoui. Depuis, nous avons remis le scientifique au coeur du processus.»

GSK mise sur de petites unités de 10 à 60 chercheurs qui travaillent de façon indépendante et qui sont financées sur des périodes de trois ans. GSK a 38 unités du genre à l'interne. À l'externe, la société a formé 50 partenariats stratégiques, ce qui lui donne aujourd'hui 88 moteurs de recherche distincts. «C'est remarquablement plus productif», soutient M. Slaoui.

GlaxoSmithKline, cotée à la Bourse de Londres (GSK), a généré des profits de 2,2 milliards au troisième trimestre. Sur ses 2700 employés canadiens, un millier sont au Québec.