Virginia Ginni Rometty, de la société International Business Machines Corp. (IBM), a fait progresser sa carrière en s'attaquant toujours à de nouveaux défis. Maintenant, elle aborde un domaine jamais exploré avant elle.

C'est que Mme Rometty, 54 ans, deviendra bientôt la première PDG d'IBM dans les 100 ans d'histoire de cette entreprise. Ainsi, cette société établie à Armonk, dans l'État de New York, a annoncé mardi que Mme Rometty succédera à Sam Palmisano au poste de PDG à compter du 1er janvier prochain. M. Palmisano, qui est PDG depuis 2002, demeurera président du conseil d'administration.

Au cours d'une récente entrevue, Mme Rometty a confié que ce sont les apprentissages dont elle a fait l'expérience qui lui ont le plus permis de progresser dans sa carrière. «J'ai appris à m'attaquer à des choses que je n'avais jamais faites auparavant», a-t-elle dit.

Elle prend les rênes d'une entreprise dont la croissance régulière des profits a fait en sorte que le titre d'IBM a grimpé cette année à son niveau le plus haut depuis que l'entreprise est devenue publique en 1915. Son expérience dans le domaine des ventes, des services et des acquisitions concorde avec la direction stratégique établie par M. Palmisano. Ce dernier a indiqué l'an dernier que la compagnie ajoutera 20 milliards US à ses revenus entre 2010 et 2015 en assurant son expansion sur des marchés tels que l'informatique en nuage et l'analytique.

Pour sa part, Mme Rometty a clairement indiqué qu'elle entend suivre le plan conçu par la compagnie, parce qu'elle a participé à son élaboration.

«J'ai été responsable de la stratégie chez IBM et construit avec mes collègues notre plan quinquennal, dit-elle. Ma priorité sera de poursuivre l'exécution de ce plan.»

Mme Rometty, employée d'IBM depuis 30 ans, a retenu l'attention de M. Palmisano en 2002 lorsqu'elle a contribué à intégrer PwC Consulting, acquis au prix de 3,9 milliards US - il s'agissait alors de la plus grosse transaction jamais conclue par IBM. La nouvelle PDG, qui était alors directrice générale de la division de consultation, affirme qu'elle savait dès le début que l'acquisition poserait des défis.

«C'était la première et la seule fois qu'une firme de services professionnels de cette taille était intégrée dans une autre grande entreprise», explique-t-elle.

On a loué le talent de Mme Rometty pour avoir aidé à retenir les principaux consultants de PwC, qui n'avaient pas toujours des affinités avec la culture de réduction de coûts d'IBM. Lorsque M. Palmisano a voulu sabrer les budgets de voyage et obliger les consultants à opter pour des hôtels Holiday Inn, Mme Rometty les a aidés dans leur combat et à «remporter la victoire», raconte Ric Andersen, un ancien consultant de PwC qui est passé chez IBM lors de la transaction.

M. Palmisano l'a promue première vice-présidente du groupe en 2005 et elle a gonflé de 42% les profits de cette division au cours de ses deux premières années à ce poste. Au cours des trois décennies passées chez IBM, elle s'est bâti une réputation de dirigeante raffinée capable de conclure une vente tout en développant des liens avec diverses entreprises comme State Farm Insurance et Prudential Financial.

«C'est une femme attachante, formidable avec les clients», soutient Fred Amoroso, qui fut son patron dans la division de consultation des services financiers dans les années 90. «Les clients adorent Ginni», ajoute-t-il.

Tandis que sévissait la récession, M. Palmisano l'a nommée responsable des ventes de près de 100 milliards US de la société. L'an dernier, elle a ajouté le marketing et la stratégie à ses responsabilités.

«Elle est plus qu'une formidable cadre exécutante, a indiqué M. Palmisano dans un communiqué. Dans chaque rôle de leadership qu'elle a assumé, elle a renforcé notre capacité d'intégrer le potentiel d'IBM pour nos clients.»

Virginia Rometty a également fait partie du conseil d'administration de l'assureur American International Group Inc. de 2006 à 2009, période au cours de laquelle trois PDG se sont succédé et qui a vu le gouvernement américain injecter 182,3 milliards US pour sauver l'entreprise.