Le nouveau système de parcomètres déployé par San Francisco n'est qu'une manière détournée de renflouer les coffres municipaux, estiment certains marchands rencontrés par La Presse Affaires.

La plupart des commerçants rencontrés à San Francisco se sont montrés plutôt favorables au programme SF Park, testé depuis un an dans la ville californienne. Mais pas tous.

Harold Hogasian connaît bien l'importance du stationnement: il est fleuriste et passe plusieurs jours par semaine sur la route pour livrer ses bouquets. Le propriétaire de Hogasian Flowers n'a rien contre l'idée de faciliter le stationnement le long des artères commerciales, l'objectif de SF Park. Le problème, dit-il, c'est que San Francisco avait trouvé la solution il y a un demi-siècle, et qu'elle l'a abandonnée.

L'homme d'affaires est vice-président de l'Association des marchands de SOMA, le district qui se trouve au sud de la très courue rue Market, au centre-ville. Il souligne que les parcomètres ont fait leur apparition à San Francisco dans les années 40, à la demande expresse des commerçants.

L'objectif était d'empêcher les voitures de squatter le long des artères commerciales pendant des heures. En imposant un tarif horaire, les voitures partaient plus vite, libérant du coup des espaces pour de nouveaux clients.

À l'époque, les fonds recueillis dans les parcomètres ont servi à construire des stationnements étagés près des artères commerciales. Mais de fil en aiguille, la Ville a commencé à puiser dans la caisse pour équilibrer ses finances.

«La pratique est devenue institutionnalisée, déplore le fleuriste. Aujourd'hui, l'argent des parcomètres a été détourné vers les coffres de la Ville et il n'y a plus d'argent pour construire des stationnements publics. C'est déplorable.»

Finances publiques

La Ville ne remplira pas ses coffres avec SF Park, indique Jay Primus, directeur de SF Park. Les revenus tirés des parcomètres seront certes un peu plus élevés, mais les autorités s'attendent à distribuer moins de contraventions car les nouvelles bornes sont plus faciles à recharger.

«Au final, on s'attend à ce que l'impact sur les finances publiques soit nul», dit-il.