C'est avec un élan certain que l'économie canadienne est entrée dans la tourmente financière d'août et de septembre.En juillet, le produit intérieur brut (PIB) réel mesuré par industrie a progressé de 0,3 %, accentuant la poussée de 0,2 % observée en juin, a indiqué hier Statistique Canada. Il s'agit du meilleur résultat depuis janvier. De juillet à juillet, la croissance atteint 2,3 %.

Tant le secteur des biens que celui des services a mis l'épaule à la roue.

Du côté des biens qui ont avancé de 0,4 % après une poussée de 0,5 % en juin, c'est avant tout le bond de 1,4 % du segment de la fabrication qui a servi de locomotive. Il faisait suite à trois reculs mensuels d'affilée. La production automobile a comme prévu beaucoup avancé, signe que l'approvisionnement de pièces en provenance du Japon était finalement rétabli.

Cela est important puisque le recul annualisé de 0,4 % du PIB réel au deuxième trimestre était attribuable à ces ruptures d'approvisionnement, mais aussi à l'interruption d'activités dans des champs pétroliers albertains pour cause de feux de forêt. Si la production de pétrole a repris en juillet, elle n'a pu compenser le ralentissement dans l'extraction du gaz naturel.

Des gains appréciables ont aussi été observés dans la production de machines, les métaux transformés et le matériel électrique.

Les services publics, qui incluent la génération d'électricité et le transport d'hydrocarbures par pipelines, ont aussi connu une poussée de 1,5 %, un reflet des canicules du mois. Ces bons résultats ont été en partie contrés par des replis dans l'extraction minière et gazière, l'agriculture et la construction.

Enfin, la production industrielle, qui inclut la fabrication, les services publics et les activités d'extraction, a gagné 0,7 % après une avancée de 0,6 % en juin.

Du côté des services, le progrès de 0,2 % est attribuable avant tout au commerce de gros ainsi qu'au transport et entreposage, deux segments qui profitent de la reprise des exportations au cours du mois. Dans le cas du transport et de l'entreposage, la fin du lock-out à Postes Canada a engendré un gain qui ne pourra se répéter.

L'activité des services a été ralentie cependant par la baisse des ventes au détail, celles des véhicules en particulier.

L'expansion de juin et de juillet est de nature à rassurer ceux qui craignaient un deuxième trimestre d'affilée de décroissance, ce qu'il est convenu d'appeler une récession technique. « Étant donné l'élan de juin et du gain appréciable de juillet, le PIB est déjà en hausse annualisée de 1,3 % sur le deuxième trimestre, en présumant d'un gain nul, en août et septembre.

«Avec la forte augmentation des heures travaillées observées jusqu'ici au troisième trimestre, le PIB canadien est en voie d'enregistrer une croissance trimestrielle de 2 %», notent Matthieu Arseneau et Krishen Rangasamy, de la Banque Nationale.

Août et septembre auront sans doute été des mois plus difficiles, étant donné l'affaiblissement de la confiance des consommateurs et des entreprises. Outre l'aggravation de la crise de la dette souveraine européenne, il y a eu aussi l'ouragan Irene et des craintes persistantes d'une rechute des États-Unis en récession, ce que les indicateurs économiques ne confirment heureusement pas jusqu'ici.

Néanmoins, la croissance américaine restera molle, comme l'indiquent le revenu personnel et le revenu disponible (après impôts) qui ont tous eux diminué en août chez nos voisins.

«La combinaison de hausses de prix, notamment du côté des biens non durables, et de l'anémie des revenus limite à la fois la consommation et l'épargne, note Francis Généreux, de Desjardins. Cela ralentit la reprise de l'économie ainsi que l'assainissement toujours nécessaire du bilan financier des ménages.»

Dans ces conditions, le rebond des exportations canadiennes de juillet ne pourra être soutenu.