PlayBook moins populaire que prévu, revenus inférieurs aux attentes, profits amputés de moitié: les résultats de Research in Motion (RIM) (T.RIM) ont déçu au plus haut point les investisseurs, jeudi, faisant chuter le titre de plus 18% dans les échanges suivant la fermeture des marchés.

> Suivez Maxime Bergeron sur Twitter

Le fabricant ontarien du BlackBerry a annoncé avoir vendu 200 000 exemplaires de sa nouvelle tablette tactile PlayBook au deuxième trimestre, alors que les analystes s'attendaient en moyenne à 490 000. Son bénéfice net a fondu de 59%, à 329 millions US (63 cents US par action), et ses revenus ont fléchi de 15%, à 4,2 milliards US.

«La crédibilité vient de couler encore plus», a lancé l'analyste Mike Abramsky, de RBC Marché des capitaux, dans une note relayée par l'agence Bloomberg.

Ces mauvais résultats s'ajoutent à une série de nouvelles négatives pour RIM. Le groupe a été sévèrement critiqué en avril au lancement de sa tablette PlayBook, qui devait concurrencer l'iPad d'Apple.

Les attentes étaient élevées, mais le produit a grandement déçu la clientèle.

Cette contre-performance a contribué à faire chuter le titre de RIM, déjà sur une pente descendante depuis plusieurs trimestres. L'action a clôturé à 29,40$ hier à la Bourse de Toronto, elle qui avait déjà atteint 150$ en juin 2008. Seulement depuis le début de 2011, elle a perdu 49% (en excluant les échanges après la fermeture jeudi).

Les actionnaires s'impatientent de plus en plus, et certains ne se gênent plus pour le manifester. La banque d'investissement torontoise Jaguar Financial Corporation a ainsi pressé RIM la semaine dernière de faire des gestes radicaux, par exemple la cession d'actifs ou une vente pure et simple de l'entreprise.

RIM s'est déjà lancé dans un vaste programme de réduction des coûts, qui s'est traduit en juillet par le licenciement de 2000 employés, soit 11% de sa main-d'oeuvre mondiale. Un geste qui n'a pas apaisé les marchés, visiblement.

La direction rassurante

Pendant une téléconférence tenue jeudi à 17h, les analystes financiers ont bombardé les dirigeants de RIM de questions sur leurs prochains produits. Ils se sont aussi inquiétés de la baisse prononcée des marges brutes de l'entreprise, qui ont glissé de 44,5% l'an dernier à 38,7% au deuxième trimestre de l'année financière 2012.

Malgré cela, les dirigeants ont tenté de se montrer confiants. «Nous reconnaissons que les derniers trimestres ont posé des défis, mais nous sommes confiants de reprendre le chemin de la croissance au troisième trimestre et par la suite», a déclaré Mike Lazaridis, coprésident de RIM, pendant l'appel.

Les patrons de RIM fondent de gros espoirs sur le BlackBerry 7, lancé récemment, de même que sur la prochaine génération d'appareils QNX. Mike Lazaridis a aussi fait valoir que des équipes travaillaient activement à améliorer le PlayBook, en vue notamment d'offrir davantage d'applications aux utilisateurs, le nerf de la guerre dans ce segment.

Pendant le deuxième trimestre, RIM a vendu 10,6 millions de BlackBerry -son produit phare- dans le monde. Les analystes s'attendaient à 11,9 millions, rapporte Bloomberg.

Tous les problèmes récents de RIM ont fortement affecté l'image du groupe dans le monde et auprès des investisseurs. La marque BlackBerry, plus que toute autre, en a souffert: elle a perdu 24% de sa valeur depuis janvier, à 3,3 milliards de dollars, selon une étude du groupe londonien Brand Finance relayée hier matin par des médias torontois.