C'est Research In Motion (RIM), le fabricant du téléphone intelligent BlackBerry et de la tablette PlayBook, qui pourrait avoir le plus à perdre de la transaction par laquelle Google acquiert Motorola Mobility Holdings.

C'est que l'acquisition que propose Google au prix de 12,5 milliards US ferait en sorte que RIM [[|ticker sym='T.RIM'|]] deviendrait un acteur plus modeste comparativement à ses concurrents et le forcerait peut-être à former une alliance avec une autre entreprise ou à se mettre en vente pour demeurer compétitif, soutient Will Stofega, un directeur de programme dans la firme de consultants IDC. Avec l'argent de Google et son expertise en logiciels, Motorola est susceptible de présenter un défi direct au bastion traditionnel de Research In Motion, soit le marché des entreprises, ajoute M. Stofega.

«Maintenant que Motorola dispose d'une caisse bien garnie, Research In Motion doit surveiller ses arrières», ajoute-t-il.

Perdant déjà des parts de marché dans le secteur des téléphones intelligents, RIM voit d'autres concurrents, outre Google et Motorola, gagner en importance et en expertise. Ainsi, en février dernier, Nokia Oyj, fabricant de cellulaires, a conclu un partenariat stratégique avec Microsoft, premier fabricant mondial de logiciels. L'an dernier, Hewlett-Packard, plus importante entreprise d'ordinateurs au monde, a mis la main sur Palm Inc., un fabricant de téléphones. Apple, fabricant de l'iPhone, est devenue brièvement la semaine dernière l'entreprise possédant la plus grande valeur au monde, bien que la compagnie n'ait pas réalisé d'acquisitions majeures.

Alliance possible

RIM pourrait avoir besoin d'une plus grande taille et de plus d'expertise en logiciels pour affronter la concurrence, soutient Chetan Sharma, analyste indépendant du secteur de la téléphonie mobile. Le fabricant ontarien du BlackBerry pourrait devoir se vendre à une entreprise comme Hewlett-Packard, Dell, Samsung Electronics ou HTC Corp., dit-il.

«RIM est dans une zone grise en ce moment», indique M. Sharma.

Research In Motion perd des parts de marché au moment où les consommateurs se tournent vers des cellulaires qui peuvent faire tourner des jeux, surfer sur le web et accomplir d'autres tâches informatiques. La part de RIM du marché mondial des téléphones intelligents a fondu à 12% au cours du deuxième trimestre comparativement à 19% un an plus tôt. Pendant la même période, Android, de Google, est devenu le leader mondial des systèmes d'exploitation des téléphones cellulaires, accaparant 43% du marché. Apple a grimpé à 18% contre 14% un an plus tôt.

Andy Perkins, un analyste de la Société Générale, à Londres, a modifié sa recommandation touchant le titre de Research In Motion, qu'il conseille maintenant de vendre.

La menace au service de messagerie instantanée du BlackBerry Messenger de RIM que posent le service iMessage, d'Apple, et Facebook Inc., «pourrait réduire encore plus la demande des produits de RIM», estime M. Perkins.

Hier, le titre de RIM cédait 11 cents , ou 0,4%, à 26,48$, à la Bourse de Toronto. Avant la journée d'hier, l'action avait dégringolé de 53% cette année.