Depuis cinq ans, Jim Balsillie a vraiment tout essayé pour devenir propriétaire d'une équipe de la LNH en Ontario. Tour à tour, le passionné de hockey et co-PDG de Research In Motion (T.RIM) a fait des offres d'achat pour les Penguins de Pittsburgh, les Predators de Nashville et les Coyotes de Phoenix. Sans succès.

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Quand Jim Balsillie a amorcé ses emplettes pour une équipe de la LNH, RIM dominait le marché des téléphones intelligents. Aujourd'hui, alors que le géant canadien des télécoms commence à battre de l'aile derrière Apple et Google, certains analystes financiers se demandent si Jim Balsillie était plus préoccupé par l'acquisition d'une équipe de la LNH que par l'avenir de RIM au cours des dernières années. «Nous savons qu'il a été distrait par son désir d'avoir une équipe de hockey. C'est évident durant la période d'octobre 2006 à juin 2009, alors que RIM n'a pas prêté attention à Apple», écrit Eric Jackson, directeur principal de la firme d'investissement Ironfire Capital, dans un billet publié récemment sur le site financier TheStreet.com.

Homme d'affaires accompli, Jim Balsillie a bien sûr le droit de disposer comme bon lui semble de sa fortune personnelle, évaluée à 1,8 milliard US selon Forbes, ce qui le classe au 20e rang au Canada. Le professeur de l'Université de Toronto Ramy Elitzur trouve néanmoins la théorie d'Eric Jackson intéressante. «Est-ce que le désir de M. Balsillie d'avoir une équipe de la LNH peut l'avoir distrait de ses activités chez RIM? Peut-être, on ne sait pas, dit-il. Mais peut-être qu'il était seulement trop concentré sur ce qui se passait chez RIM pour voir ses concurrents grandir. Ce qui est certain, c'est que les dirigeants ont manqué de vision au cours des dernières années. Au lieu de réagir aux défis devant eux, ils ont fait comme si tout était normal.»

La mairesse de Waterloo n'est pas d'accord avec les critiques à l'égard de son résidant le plus célèbre. «M. Balsillie est un homme brillant, très concentré sur ses affaires et qui va continuer à alimenter le succès de RIM. Comme M. Lazaridis, il est très impliqué dans sa communauté, à qui il a donné plusieurs de ses millions», dit Brenda Halloran.

Système de gouvernance contesté

Depuis 1992, Jim Balsillie est co-PDG de RIM en compagnie de son partenaire de longue date Mike Lazaridis, qui préside aussi le conseil d'administration. Certains investisseurs en ont assez de ce monstre à deux têtes comme structure décisionnelle. La firme Northwest&Ethical Investments a proposé le mois dernier de scinder les rôles de PDG et de président du conseil d'administration. La proposition a été retirée à la faveur d'un comité qui étudiera la question.

Peu importe le résultat des travaux du comité, personne ne doute que Jim Balsillie continuera de jouer un rôle de premier plan chez RIM, dont il est le plus important actionnaire avec 31,1 millions d'actions (5,93%), selon Bloomberg.

Son rêve de gagner la Coupe Stanley comme propriétaire d'une équipe de la LNH est plus incertain, ses démêlés avec la LNH ayant fait de lui l'ennemi numéro un du commissaire Gary Bettman. Forbes a toutefois révélé le mois dernier que Bettman se serait montré ouvert en privé à ce que Balsillie se joigne au club sélect des propriétaires de la LNH. Un revirement de situation étonnant qui n'a pas été confirmé par les principaux intéressés - et qui continue d'alimenter les spéculations sur les chances du cofondateur de RIM de réussir sa quête.