Les plaintes de membres des Premières Nations et de consommateurs ont eu raison d'une campagne d'Eska, conçue par l'agence Kbs+p: l'entreprise Eau Vives Water qui exploite la source en Abitibi, où vivent des Algonquins, a finalement décidé de retirer des publicités jugées offensantes par plusieurs.

Depuis le début de juin, des messages télé et imprimés montraient un groupe de guerriers protégeant, lance à la main, la pureté de l'eau Eska face à des consommateurs voulant la mélanger à d'autres breuvages. Quelque trois semaines après le lancement de la campagne, des plaintes ont commencé à affluer dans les boîtes vocales et courriel de l'entreprise. Raciste, caricature dégradante... «Ce qui dérange dans votre message, c'est le renforcement des préjugés à l'égard des Premiers Peuples: des indigènes primitifs incarnés en «guerriers Eska» aux allures de «nonos», prêts à tuer pour protéger la «pureté» de l'eau depuis 8000 ans. Quoique cette dernière référence à l'occupation du territoire par les Anishnabek depuis des millénaires soit juste, on n'en entretient pas moins le mythe de «l'Indien sauvage», qui fait peur et qui «d'habitude, vise mieux que ça» avec son arme...», a notamment écrit au président d'Eaux Vives Water Édith Cloutier, directrice générale du Centre d'amitié autochtone de Val-d'Or et dont le mot a été publié sur le site de Marketing Qc récemment.

Campagne de boycottage

Une page Facebook «Boycott Eska Water», qui compte 380 amis, a également été mise en ligne... sur laquelle on y lit autant de commentaires en faveur des doléances des membres des Premières Nations que d'autres selon lesquels ils s'indignent pour rien.

Au départ, Eaux Vives Water a fait savoir par communiqué qu'elle analysait les plaintes et que l'entreprise y répondrait sous peu... avant de finalement décider de retirer la campagne baptisée «La pureté bien protégée», hier. Jim Delsnyder, président et chef de la direction d'Eaux Vives Water, ne s'est encore une fois exprimé que par communiqué: «Eska désire offrir ses excuses à tous ceux et celles qui auraient pu interpréter la campagne et ses images comme étant irrespectueuses. Assurément, tel n'a jamais été leur intention.»

Au Québec, l'entreprise laisse Enigma, son agence de relations publiques, répondre aux questions des journalistes: «Notre client a été sensible à ce qui est sorti, indique Gilles Corriveau, son président et chef de la direction. Il a été très surpris par la réaction. Ceux qui vendent des produits n'ont pas l'intention de frustrer qui que ce soit.»

Rencontre

L'entreprise s'engage maintenant à rencontrer sous peu des leaders des communautés autochtones. «Pour savoir notamment ce qui a cloché, explique Gilles Corriveau. L'habillement dans les pubs? La présence de gens qui ne sont pas des Indiens? La violence? L'utilisation de guerriers? Il y a un paquet de points d'interrogation en ce moment.»

Sur papier, Jim Delsnyder ajoute qu'il veut aussi, par ces rencontres, «s'assurer que les prochaines campagnes publicitaires seront le reflet des valeurs des gens de la communauté».

Bien qu'elle ne puisse fournir de chiffres, Enigma soutient que la controverse autour de la campagne n'a pas affecté négativement les ventes d'eau Eska.