L'action du numéro un mondial des téléphones mobiles, le finlandais Nokia (NOK), chutait mardi de plus de 15% après un nouvel avertissement sur résultat, entraînant le cours à un nouveau plus bas niveau depuis 1998.

Dans un communiqué diffusé mardi après-midi, Nokia, en plein bouleversement stratégique, a annoncé qu'il dégradait ses prévisions de résultat pour le deuxième trimestre et n'était plus en mesure de donner des prévisions annuelles, en raison de ventes décevantes.

«C'est surprenant, et je ne m'attends pas à des miracles durant la deuxième moitié de l'année, les bénéfices seront très faibles», a dit à l'AFP Michael Schroeder, un analyste de la banque FIM.

Stephen Elop, le PDG canadien de Nokia, a expliqué durant une conférence téléphonique que la dégradation de la situation venait d'une concurrence féroce en Chine et en Europe, où il s'inquiète de la percée des téléphones sous Android, le système d'exploitation de l'américain Google.

«Nous voyons beaucoup de téléphones Android sur le marché», a-t-il dit, disant s'inquiéter «énormément» pour la part de marché de Nokia. «Il y a clairement une pression sur les prix et nous sommes sous pression pour savoir quel est le bon prix» pour les téléphones intelligents Nokia.

Nokia prévoit désormais que le chiffre d'affaires de sa division téléphones (Devices & Services) sera «substantiellement inférieur» à la précédente prévision qui annonçait des ventes de 6,1 à 6,6 milliards d'euros, indique le groupe finlandais.

Cet avertissement sur résultat «est principalement dû à des prix moyens et des volumes de ventes inférieurs aux précédentes prévisions», selon Nokia.

Le géant basé à Espoo en Finlande, qui prévoit également une marge opérationnelle «substantiellement» inférieure aux 6-9% initialement visés, ne donne plus de prévisions sur l'année, ce qu'il concède ne plus être en mesure de faire.

«En raison du changement inattendu de prévisions au deuxième trimestre, Nokia pense qu'il n'est plus approprié de donner des objectifs annuels pour 2011».

Dans l'après-midi à la Bourse d'Helsinki, le titre Nokia chutait de 15,0% à 4,90 euros, passant sous les 5 euros pour la première fois depuis 1998, quand le finlandais entamait à peine sa conquête du monde.

Nokia, à la suprématie jadis incontestée, a annoncé en février qu'il s'alliait avec l'américain Microsoft, dont le système d'exploitation Windows Phone va progressivement équiper les téléphones Nokia, pour reconquérir le terrain perdu.

Le premier Nokia fonctionnant avec Windows Phone devrait être livré au 4e trimestre, a indiqué Nokia mardi.

«Il y a toujours du boulot, des bogues et tout ce à quoi on peut s'attendre à ce point du cycle de développement (...) mais nous sommes contents des progrès», a dit Stephen Elop, lui-même un transfuge de Microsoft.

Mis à mal par la percée des américains Apple et Google dans la téléphonie haut de gamme, Nokia traverse d'importantes difficultés depuis deux ans, qui se sont traduites par plusieurs plans de suppressions d'emplois, un déclin rapide de sa part de marché et des résultats médiocres.

Nokia doit publier ses résultats du deuxième trimestre le 21 juillet.