L'emploi a connu une croissance plus forte qu'attendu en avril au Canada, et, comme un écho à la récente campagne électorale, ce sont les femmes de 55 ans et plus qui ont le plus profité de cette remontée.

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Pendant le débat des chefs, le 13 avril dernier, Muguette Paillé, une chômeuse quinquagénaire de Mauricie, avait lancé un cri du coeur en implorant les politiciens de créer des jobs pour les gens plus âgés en région. Les chiffres publiés hier par Statistique Canada n'ont bien sûr aucun lien avec la sortie de «Madame Paillé», mais le hasard n'aurait pu mieux tomber.

Sur les 58 000 emplois créés le mois dernier au pays, 29 000 ont été décrochés par des femmes de 55 ans et plus. Depuis un an, le nombre de travailleuses de ce groupe d'âge a grimpé de 102 000, ou 7,9%, «soit le taux de croissance le plus élevé de tous les groupes démographiques», a indiqué l'organisme fédéral dans sa plus récente enquête mensuelle.

«Chez les personnes de 25 à 54 ans, l'emploi n'a pas varié en avril, chez les jeunes non plus: c'est vraiment chez les femmes de 55 ans et plus que ça a augmenté», a expliqué à La Presse Affaires Lahouaria Yssad, analyste chez Statistique Canada

Il est trop tôt pour parler d'une tendance lourde du retour au travail des femmes plus âgées, selon Mme Yssad. Il faudra attendre plusieurs mois pour voir si le mouvement se poursuit. L'organisme fédéral est en outre incapable d'indiquer dans quelles industries les nouveaux postes ont été créés.

Reste que dans son ensemble, le marché canadien de l'emploi a surpassé les attentes des économistes en avril, même si la majorité des nouveaux jobs créés sont à temps partiel. Sur un an, le nombre de travailleurs a grimpé de 283 000. Le taux de chômage a légèrement reculé - de 0,1 point de pourcentage -, pour s'établir à 7,6%.

Benoît Durocher, économiste principal au Mouvement Desjardins, juge «exceptionnelle» la tenue de l'emploi au Canada. «Depuis le début de l'année, près de 25 000 postes ont été créés en moyenne. Il s'agit d'un rythme de croissance supérieur au gain mensuel moyen observé pour l'ensemble de l'année 2010, soit près de 25 000 postes.»

Faiblesse au Québec

Les gains d'avril ont été particulièrement élevés en Ontario, où le taux de chômage a descendu de deux points de pourcentage, à 7,9%. L'écart s'est nettement resserré avec le Québec, où ce taux atteint maintenant 7,8%.

La croissance a été modeste au Québec le mois dernier (+5900 emplois). Les nouveaux emplois créés sont surtout dans l'hébergement et la restauration, le commerce, l'agriculture et les services professionnels. Le nombre de postes a reculé dans les administrations et les services publics.

Dans l'ensemble du Canada, la quantité d'emplois surpasse maintenant de 111 300 le sommet atteint en octobre 2008, point de départ de la crise économique. Et c'est la première fois que le travail à temps plein revient au niveau d'octobre 2008, a souligné Statistique Canada, même si le nombre d'heures travaillées demeure de 0,6% inférieur.

David Madani, économiste chez Capital Economics à Toronto, se montre moins enthousiaste que ses collègues de Desjardins quant aux chiffres publiés hier. Il les qualifie tout au plus d'«encourageants». «Cette amélioration du marché de l'emploi pourrait être de courte durée», a-t-il averti dans un rapport.

États-Unis

Le marché de l'emploi a aussi connu une progression aux États-Unis en avril. Quelque 244 000 nouveaux postes ont été créés, surtout dans le secteur privé, la plus forte hausse mensuelle depuis mai 2010. C'est nettement au-delà du consensus de 200 000 attendu par les économistes.

Cette progression, qui porte à 760 000 les gains depuis trois mois, a soulevé les marchés financiers. L'indice S&P 500 de la Bourse de New York a gagné 1,1% peu après l'annonce, pour finir la journée en hausse de 5,10 points (+0,38%), à 1340,20 points.

Le taux de chômage est passé de 8,8% en mars à 9% en avril. Mais cela n'inquiète pas Alistair Bentley, économiste à la TD, «car au fur et à mesure que le marché s'améliore, plusieurs chômeurs qui s'étaient découragés vont commencer à réintégrer la force de travail».