«T'es peut-être mieux de prendre l'autre chaise», lance Simon Leblond, président et chef de la direction de SCL Éléments, au journaliste de La Presse Affaires sur le point de s'asseoir dans un siège brinquebalant.

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«Disons qu'on investit moins dans nos chaises que dans notre technologie.»

Avec son mobilier minimaliste, son atmosphère de créativité brouillonne et sa stratégie basée sur l'ambition et le risque, SCL Éléments est une entreprise en démarrage comme on les imagine, à mille lieues de la rigidité du monde corporatif.

Ici, le grand patron a 30 ans et la moyenne d'âge des employés tourne autour du même chiffre. Sur des tables encombrées de matériel électronique et de livres de programmation, des jeunes en t-shirt bidouillent des fils électriques ou tapent du code dans des ordinateurs.

Ce avec quoi l'entreprise de 15 employés veut faire fortune est une machine grosse comme un livre de poche qui ressemble un peu à un routeur informatique. Nom de code: Can2Go, une boîte qui permet de commander à distance l'éclairage, le chauffage ou la climatisation d'un bâtiment.

L'idée est de permettre aux gestionnaires d'immeuble d'optimiser leur consommation d'énergie, réduisant leur facture par la bande. Rien de nouveau sous le soleil dans un monde où l'efficacité énergétique est sur toutes les lèvres? N'allez surtout pas dire ça aux gars de SCL Éléments, qui se mettront à plusieurs pour vous convaincre du contraire à grands coups d'expressions comme «contrôleurs bidirectionnels filés et sans fil», «capacité d'interopérabilité» ou «passerelle pour EnOcean/BACnet».

En gros, leur plaidoyer s'articule autour de trois arguments: la polyvalence, le coût et la simplicité d'utilisation. Une seule des boîtes Can2Go peut commander une batterie de thermostats et d'interrupteurs tous différents, peu importe qu'ils soient reliés au réseau électrique ou qu'ils fonctionnent grâce à une technologie sans fil.

David Lamarche, directeur des communications, pointe le plan d'une école primaire québécoise où la technologie a été installée. Exactement neuf boîtes Can2Go dispersées dans l'établissement suffisent à gérer l'ensemble du chauffage, de l'éclairage et de la climatisation.

«Normalement, juste pour le chauffage, il faudrait au moins 30 contrôleurs classiques», dit M. Lamarche.

Un premier partenaire

Le premier à s'intéresser aux machines Can2Go a été Régulvar, entreprise québécoise de 400 employés qui installe autant des systèmes de chauffage que de ventilation et de vidéosurveillance dans les bâtiments.

Régulvar a accepté d'installer les produits de SCL Éléments chez ses clients, aidant les jeunes entrepreneurs à améliorer leur technologie par ses commentaires.

«Ils ont la connaissance du terrain. Ils sont devenus de précieux collaborateurs», dit M. Leblond.

Mais il n'y a pas que les Québécois qui se sont intéressés aux petites machines de SCL Éléments. Dans les locaux de l'entreprise, une carte des États-Unis piquée d'épingles est fixée au mur. Kentucky, Ohio, Floride, Californie, Arizona, alouette: chaque épingle marque un endroit où des boîtes Can2Go ont été expédiées. Certaines sont déjà utilisées commercialement, alors que d'autres sont testées par d'éventuels clients qui veulent évaluer leur potentiel.

En plus du Canada et des États-Unis, SCL Éléments a aussi vendu sa technologie au Japon. Quelques unités ont également pris le chemin du Moyen-Orient, de l'Europe et de l'Australie.

«Pour l'instant, ce sont des gens qui nous appellent. On n'a pas de force de vente à l'extérieur», dit Simon Leblond, dont 10 des 15 employés sont des techniciens ou des programmeurs.

De nouveaux capitaux

Jusqu'à il y a environ un mois, SCL Éléments fonctionnait à peu près uniquement grâce à l'argent personnel de ses trois associés, dont le plus vieux a 34 ans.

Louis-Nicolas Hamer, par exemple, a vendu ses parts d'une petite entreprise de consultants en efficacité énergétique qu'il avait lancée pour les canaliser vers SCL. Simon Leblond a fait de même avec les profits générés grâce à quelques bons coups immobiliers.

«J'ai joué au Monopoly et j'ai été chanceux», lance-t-il.

Il y a un mois, la jeune entreprise a réussi à convaincre un groupe d'anges financiers d'y investir du capital supplémentaire. Les détails de la transaction, qui n'ont pas été dévoilés publiquement, sont encore secrets. Ces nouveaux fonds seront utilisés pour monter une véritable équipe de vente.

«Comme avec n'importe quelle technologie, le défi est d'entrer dans le marché rapidement», explique Simon Leblond.

L'un des nouveaux investisseurs siègera aussi au conseil d'administration, amenant une précieuse expertise à la jeune équipe.

Entre-temps, dans les locaux de SCL Éléments, de jeunes bidouilleurs testent la capacité de la boîte Can2Go à commander une myriade d'interrupteurs et de thermostats de marques les plus diverses.

«On veut élargir l'écosystème de produits compatibles. On veut pouvoir parler à tous les appareils», explique Simon Leblond.

Déjà une cinquantaine d'unités quittent chaque jour les locaux de l'entreprise, située face au métro Rosemont. Les boîtiers de plastique arrivent de Chine. On y insère la technologie, on la teste, puis on expédie le tout aux quatre coins de l'Amérique du Nord, parfois plus loin.

«Je ne peux pas juste travailler localement», dit Simon Leblond, prouvant en une phrase qu'il a compris la leçon des spécialistes qui reprochent continuellement aux entrepreneurs québécois de ne voir que leur propre cour. «On en revient toujours à ça: le marché québécois est petit. Il faut exporter.»

Fondateur et président Simon Leblond

Investisseurs Au départ, Simon Leblond, Louis-Nicolas Hamer et Simon Caron. Un groupe d'anges financiers vient aussi d'investir.

Le concept en 140 caractères «SCL Éléments permet aux bâtiments de réduire leur consommation d'énergie de 5% à 50% avec ses systèmes de contrôle filés, sans fil et web.»

Objectifs d'ici un an Multiplier les installations, prendre de l'expansion aux États-Unis et percer de nouveaux marchés internationaux.

Fondateur et président Simon Leblond

Investisseurs

Au départ, Simon Leblond, Louis-Nicolas Hamer et Simon Caron. Un groupe d'anges financiers vient aussi d'investir.

Le concept en 140 caractères

«SCL Éléments permet aux bâtiments de réduire leur consommation d'énergie de 5% à 50% avec ses systèmes de contrôle filés, sans fil et web. «

Objectifs d'ici un an

Multiplier les installations, prendre de l'expansion aux États-Unis et percer de nouveaux marchés internationaux.