Dans un an, l'Impact de Montréal fera son entrée dans la Major League Soccer (MLS), une ligue de sport professionnel qui pense davantage à croître qu'à faire des profits. Son commissaire, Don Garber, cite même en exemple l'entreprise de microblogage Twitter pour justifier sa stratégie de croissance.

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«Notre objectif immédiat est d'augmenter notre marché, pas nécessairement de faire des profits. Pour croître et se développer, il faut investir et dépenser de l'argent. Ça ne me dérangerait pas d'être comme Twitter, une entreprise qui ne fait pas encore de profits en ce moment», dit Don Garber, en entrevue à La Presse Affaires.

Selon Forbes, la moitié des 18 équipes de la MLS sont rentables. Une nette amélioration depuis 2009, alors que seulement deux équipes avaient fait des profits. Sauf que le commissaire Don Garber n'en démord pas: il ne veut pas réduire ses dépenses pour augmenter ses profits. «Nous avons des bases financières solides, dit-il. Certaines équipes sont rentables, d'autres ont de moins bons résultats, mais nous sommes encore en mode croissance.»

L'Impact de Montréal a payé 40 millions de dollars en mai dernier pour devenir la 19e équipe de la MLS en 2012. «L'équipe n'a pas disputé un match dans notre circuit, mais elle vaut déjà plus cher aujourd'hui», dit Don Garber, qui souhaite compléter l'expansion de son circuit avec une deuxième équipe à New York. «Si ça fonctionne, nous arrêterons probablement nos plans d'expansion pour une certaine période de temps», dit-il.

La future ligue de l'Impact est le cinquième circuit de sport professionnel en importance en Amérique du Nord. «Nous sommes le plus petit des cinq, mais nous avons un siège à la table», dit Don Garber.

La MLS, qui vient d'amorcer sa 16e saison, aura fort à faire afin de dépasser la Ligue nationale de hockey (LNH) au quatrième rang des ligues sportives en Amérique du Nord. Au sommet de la pyramide du sport nord-américain, la National Football League (NFL) génère des revenus annuels de 9 milliards US. La MLS se contente de revenus de 280 millions US, soit 15,6 millions US par équipe. C'est 10 fois moins que la LNH, qui génère 2,9 milliards US par saison, soit 97 millions US par équipe. À lui seul, le Canadien de Montréal a des revenus de 163 millions US par saison, selon Forbes.

De toute façon, Don Garber ne veut pas faire concurrence à la LNH. «Je sais que les gens au Canada sont généralement mécontents de la LNH, mais la LNH est une histoire à succès depuis le lock-out, dit-il. Nous nous sommes inspirés de la LNH pour sa stratégie en ligne et le site NHL.com. La LNH va signer un gros contrat de télé aux États-Unis. Il faut donner le crédit à Gary (Bettman).»

Un chapitre où la MLS rivalise déjà avec la LNH: les assistances. Selon Fox, l'assistance moyenne en 2010 d'un match de la MLS est de 16 675 spectateurs, comparativement à 17 072 spectateurs pour la LNH. «C'est une comparaison injuste, car la LNH dispute beaucoup plus de matchs», dit Don Garber.

Paix syndicale

Au contraire des autres ligues de sport professionnel en Amérique du Nord, la MLS jouit d'une paix syndicale pour encore trois ans. Le plafond salarial est de 3 millions US par équipe, mais chaque équipe peut engager trois joueurs dont le salaire n'est pas comptabilisé dans le plafond. C'est ainsi que David Beckham joue avec le Galaxy de Los Angeles et que Thierry Henry fait ses débuts avec les Red Bulls de New York l'été dernier.

La principale ligue de soccer en Amérique du Nord génère la moitié de ses revenus aux guichets et en commandites. Les revenus de télé - RDS a acquis 10 des 34 matchs réguliers de l'Impact en 2012 - sont beaucoup moindres. La MLS refuse d'ailleurs de divulguer la valeur de ses contrats télé. «C'est la pyramide inversée des revenus de la NFL, du baseball majeur et de la NBA, mais nous inversons tranquillement la tendance», dit Don Garber, nommé commissaire de la MLS en 1999 après avoir dirigé la division internationale de la NFL.

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GARBER A HÂTE À 2012 Même si les débuts de l'Impact dans la MLS, l'an prochain, s'accompagneront de plusieurs défis de taille, son succès ne fait aucun doute dans l'esprit du commissaire Don Garber. Lisez le compte rendu de Pascal Milano et la chronique de Patrick Leduc dans le cahier Sports de La Presse, en page 6.

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QUELQUES CHIFFRES DE LA MLS

- 40 millions de dollars Prix payé par l'Impact de Montréal pour devenir la 19e équipe de la MLS en 2012.

- 15,6 millions US Revenus moyens d'une équipe de la MLS.

- 1,4 million US Profits moyens d'une équipe de la MLS.

- 97 millions US Revenus moyens d'une équipe de la LNH.

- 6,5 millions US Salaire annuel de David Beckham, le plus haut salarié de la MLS.

- 3 millions US Plafond salarial d'une équipe de la MLS (excluant trois joueurs désignés par équipe).