Alors que les internautes québécois sont sans cesse plus nombreux à faire leur magasinage en ligne, les entreprises, elles, accumulent du retard dans les affaires électroniques. Téléphones intelligents et tablettes numériques pourraient changer la donne, menant plusieurs grands détaillants à réévaluer leur présence sur l'Internet.

L'émergence de cette nouvelle forme de mobilité informatique suscite un regain d'intérêt pour le commerce de détail sur l'internet auprès de certains détaillants québécois. Le Groupe Aldo, qui possède plusieurs boutiques au pays, a récemment retapé son site web afin d'y inclure une version mobile et un volet de magasinage en ligne.

En un mois seulement, sans tambour ni trompette, aldoshoes.com et m.aldoshoes.com ont attiré les internautes en masse, générant 3 % des ventes du groupe sur cette période. En conservant cette proportion sur l'année, le site de ce géant montréalais de la chaussure affichera un chiffre d'affaires de 39 millions de dollars.

«Ça témoigne du potentiel de cette approche», constate Stéphane Ricoul, directeur principal et responsable du commerce de détail et électronique de Systematix, à Montréal. M. Ricoul organise également la première présentation du salon eCom Montréal, qui aura lieu le 18 mai prochain, et dont l'objectif est d'informer les entreprises d'ici sur ce phénomène.

«Les dirigeants se posent beaucoup de questions. Quelle formule adopter ? Faut-il créer un site mobile, une application différente pour chacune des grandes familles d'appareils signées Apple, Google et Research In Motion, ou une seule version pour les tablettes ? En présentant des cas de succès d'ici et d'ailleurs dans le monde, on souhaite offrir aux entreprises un guide des meilleures pratiques pour mieux comprendre les affaires électroniques.»

Les acheteurs sont au rendez-vous

Mobile ou non, l'achat en ligne est un phénomène en croissance constante au Québec. Encore en janvier dernier, le nombre de cyberacheteurs a crû de 20 %, par rapport à janvier 2010, pour représenter 24,2 % de la population adulte du Québec, selon le CEFRIO, qui compile ces statistiques depuis des années. Les 436 millions de dollars dépensés sur la Toile représentent aussi une hausse de 14 % par rapport à décembre.

Sur une base annuelle, les achats en ligne des ménages québécois ont progressé de 26,5 % depuis 2009, pour atteindre une somme totale de 4,3 milliards de dollars en 2010. Ce n'est pas un phénomène isolé: le magasinage sur l'internet attire un peu plus de consommateurs québécois chaque année.

En revanche, les entreprises québécoises, comme la majorité de leurs homologues canadiennes, tardent à suivre la tendance. Ce qu'il en résulte, c'est une fuite des revenus vers des sociétés étrangères, essentiellement américaines, constate Stéphane Ricoul.

«Nous avons pris quelques années de retard face à l'Europe et aux États-Unis, dans tout ce qui touche aux affaires électroniques : commercialisation, promotion et ventes. Depuis quelques mois, il y a cependant une prise de conscience au sein des dirigeants que le web, mobile ou pas, est de plus en plus un incontournable pour leur croissance future.»