L'arrivée du géant américain Groupon au Québec ne fait pas peur à la PME montréalaise Tuango, le numéro un des coupons-rabais sur l'internet dans la province.

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«Nous n'avons pas peur de Groupon. Ils sont les premiers au monde et ils ont inventé le concept de l'achat groupé de coupons-rabais par l'internet, mais nous sommes bien installés au Québec, nous avons des offres de qualité et notre service à la clientèle est très performant», dit Swann Freslon, directrice du marketing de Tuango.

Selon ses données internes, la PME montréalaise vendrait environ 58% de tous les coupons-rabais groupés sur internet au Québec. En février, Tuango a vendu pour 1,3 million de dollars en coupons-rabais. Par le biais de son site Promodujour.com, le Groupe Pages Jaunes arrive au deuxième rang avec des ventes de 259 248$, suivi de Living Social Montréal (170 447$) et ILoveMTL (183 915$). À son troisième mois à Montréal, Groupon prend le quatrième rang avec des ventes de 160 769$. Il ne s'agit pas de chiffres officiels, Tuango compilant ses chiffres de ventes à partir des données des sites web de ses concurrents.

Fondée en juin dernier, Tuango minimise l'impact de l'arrivée de Groupon à Montréal. L'entreprise de Chicago, qui a 42 millions d'abonnés dans le monde dont 160 000 à Montréal, offre des coupons-rabais à Montréal depuis le 1er décembre. «Leur notoriété joue pour eux, mais Groupon n'est pas un concurrent qu'on surveille plus que les autres», dit Swann Freslon.

Contact personnalisé

Tuango estime avoir un avantage sur son concurrent américain: sa vingtaine d'employés au siège social du Vieux-Montréal. Groupon n'a qu'un employé à Montréal. Selon une porte-parole de Groupon, des représentants du siège social de Chicago viennent toutefois régulièrement à Montréal pour rencontrer leurs clients. «L'achat groupé est un phénomène nouveau et les entreprises veulent savoir à qui elles ont affaire, dit Swann Freslon, directrice de marketing de Tuango. Nous sommes sur place et nous allons rencontrer les entreprises chez elles.»

Les ventes mensuelles de Tuango sont passées de 32 000$ à son premier mois d'activité en juin 2010 à 1,3 million le mois dernier. Comme la plupart de ses concurrents, Tuango garde la moitié des revenus générés par les ventes de coupons-rabais et donne l'autre moitié aux commerçants. En février, Tuango a ainsi généré des revenus d'environ 650 000$. Malgré tout, le site continue d'être déficitaire. «Nous pensons être rentables pour notre premier anniversaire en juin prochain», dit Swann Freslon.

Depuis juin 2010, Tuango n'offre des rabais qu'à Montréal, Québec et Gatineau. Au cours des prochaines semaines, Tuango étendra son réseau d'aubaines à Sherbrooke, Drummondville, Trois-Rivières et Saguenay. Pour l'instant, pas question d'expansion à l'extérieur du Québec. «On veut se concentrer sur le Québec, où nous avons une connaissance du marché», dit Swann Freslon.

Une tradition chinoise

Pourquoi Tuango? Le nom de la PME montréalaise provient du mot mandarin «Tuángòu», qui désigne l'achat de groupe en Chine. «En Chine, c'était une tradition d'aller une quinzaine de personnes dans une boutique pour demander un rabais de groupe», dit Swann Freslon.

Si ses origines linguisitiques proviennent de l'Asie, Tuango est la propriété du Toronto Star et de quatre entrepreneurs québécois: le PDG Eduardo Mandri, Patrick Desroches, Jérôme Guidollet et Juan Pablo Mandri. Tous les actionnaires ont une participation minoritaire.