Le marché de l'emploi a repris vie en janvier, avec la création de 69 200 emplois - un nombre étonnamment élevé qui évoque un retour en piste de la reprise économique.

Malgré l'arrivée des nouveaux emplois, le taux de chômage national a grimpé de deux dixièmes de point à 7,8 pour cent, une conséquence du plus grand nombre de Canadiens qui se sont mis à la recherche de travail.

La croissance de l'emploi s'est avérée environ quatre fois plus élevée que celle attendue par les économistes. C'est aussi la plus forte depuis avril 2010, ce qui semble indiquer que les employeurs recommencent à croire que l'économie se dirige dans la bonne direction pour appuyer la croissance.

Les données ont été accueillies avec un certain scepticisme par certains analystes, notamment parce que Statistique Canada a révisé la semaine dernière ses derniers rapports sur le marché de l'emploi, pour en retrancher 67 000 emplois qu'elle avait auparavant annoncés.

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Cependant, l'économiste Douglas Porter, de la Banque de Montréal, a dit croire que la tendance du marché de l'emploi recommençait à être positive après environ six mois de croissance stagnante.

«C'est une surprise, mais pas un choc complet», a nuancé M. Porter. «Nous avons eu des indications que l'économie américaine commençait à s'améliorer et peut-être que cela a rendu les employeurs plus confiants pour ce qui est d'augmenter leurs effectifs.»

Les détails du rapport de Statistique Canada n'étaient cependant pas tous porteurs de bonne nouvelle. Le nombre d'emplois à temps partiel a été légèrement plus élevé que celui des emplois à temps plein, ce qui signifie qu'il n'y a pas eu de hausse notable dans le nombre total d'heures travaillées.

Les nouveaux emplois ont été créés à égalité de parts dans le secteur privé, dans le secteur public et dans la catégorie du travail autonome.

Les économistes de la Banque Scotia ont fait valoir que l'administration publique, les soins de santé et l'éducation avaient représentés, pris ensemble, les deux tiers des nouveaux emplois, ce qui leur laisse croire que certains des emplois du secteur privé comportaient une composante gouvernementale.

Finalement, la vaste majorité des emplois créés se trouvaient dans les industries productrices de services, et non dans celles qui produisent des biens. Le secteur de la fabrication, un important pilier de l'économie, n'a pas connu de croissance en janvier, ni celui de la construction.

Les économistes Derek Holt et Gorica Djeric, de la Scotia, ont indiqué dans une note à leurs clients que le rapport sur l'emploi ne changeait en rien leur opinion sur l'économie.

Selon eux, plusieurs inquiétudes persistent à long terme, notamment une «décevante croissance attendue» de l'économie canadienne pour cette année et la prochaine, les pressions sur les devises, et certains facteurs extérieurs comme la possibilité que la Réserve fédérale américaine laisse son taux d'intérêt directeur près de zéro cette année.

«Tous ces facteurs combinés nous poussent à croire que la Banque du Canada restera sur la touche jusqu'en octobre», ont-ils ajouté, même si d'autres analystes s'attendent à voir une hausse du taux directeur de la banque centrale plusieurs mois avant cela.

Les gains de janvier replacent l'économie au point où plusieurs croyaient qu'elle se trouvait avant la révision effectuée la semaine dernière par Statistique Canada. Une fois de plus, le Canada peut se vanter d'avoir récupéré tous les emplois qu'il avait perdus pendant la récession. C'est le seul des pays du G7 à pouvoir le faire.

Selon l'agence fédérale, 327 000 Canadiens de plus travaillaient en janvier qu'au même mois en 2010, et ils sont

467 000 de plus à détenir un emploi depuis la fin de la récession, en juillet 2009.

En comparaison, la pire performance des membres du G7 revient aux États-Unis, où le nombre de travailleurs est toujours inférieur d'environ sept millions au sommet précédant la récession.

Fait encourageant dans les données de vendredi, la création d'emploi s'est étendue un peu partout à travers le Canada.

L'emploi n'a presque pas varié au Québec en janvier. Le taux de chômage y a augmenté pour se fixer à 7,9 pour cent en raison d'une augmentation du nombre de personnes à la recherche de travail. Il se situait à 7,5 pour cent le mois précédent.

En Ontario, l'emploi a progressé pour le troisième mois consécutif, en hausse de 36 300 en janvier. Le taux de chômage s'est maintenu à 8,1 pour cent en raison de l'augmentation du nombre de personnes sur le marché du travail.

Au Nouveau-Brunswick, le taux de chômage a légèrement diminué pour s'établir à 9,1 pour cent. Il se situait à 9,4 en décembre.