Autre coup dur pour la grappe des sciences de la vie à Montréal. Les 150 postes de recherche et développement (R-D) de l'usine Pfizer dans l'arrondissement de Saint-Laurent sont menacés. Montréal n'est donc pas épargné par les réductions de personnel qu'a annoncées la multinationale pharmaceutique Pfizer mardi.

Selon nos informations, les compressions de postes touchent les activités de R&D de l'ancienne usine Wyeth, que Pfizer a rachetée en 2009. Quelque 150 personnes y travaillent. La nouvelle a été transmise aux employés hier matin. L'usine du boulevard Marcel-Laurin a aussi une unité de fabrication qui n'est pas touchée par les compressions d'emplois.

Malgré notre insistance, Pfizer a refusé de préciser le nombre de personnes visées par l'annonce d'hier matin.

«Il est trop tôt pour parler d'impacts sur le nombre d'emplois, puisque nous discutons actuellement la possibilité de transférer certaines opérations à un partenaire stratégique, s'est contentée de dire Julie-Catherine Racine, porte-parole de Pfizer Canada. Nous nous engageons à traiter tous les employés avec le plus grand respect tout au long du processus et à faire en sorte que tous soient informés promptement avec tact et franchise.»

Le centre de R-D sur les vaccins à Ottawa est épargné, a-t-elle ajouté.

Les ventes de Pfizer sont sous pression à la suite de l'expiration des brevets sur des médicaments-vedettes comme le Lipitor, une pilule qui contrôle le niveau de cholestérol. La pharmaceutique a annoncé mardi une compression de 5% de son effectif mondial de 110 600 employés (5530 employés). Pfizer veut diminuer ses dépenses en R-D de 23,5% en 2012, déçue du peu de résultats de ses chercheurs en termes de nouveaux produits.

Que les grandes pharmas sabrent leur budget de R-D, ça n'augure rien de bon pour Montréal.

En juillet 2010, Merck a annoncé la fermeture de son centre de recherche thérapeutique à son campus de Kirkland, éliminant 180 personnes de chercheurs. La société pharmaceutique songe à vendre son complexe de Kirkland.

«L'unité qui va être touchée travaillait sur le conditionnement des produits, pas nécessairement sur des fonctions de recherche fondamentale comme chez Merck, dit Michelle Savoie, directrice générale de Montréal In Vivo, grappe des sciences de la vie, à qui on a demandé de commenter la nouvelle. Ce sont des fonctions qui sont plus facilement relocalisables», note-t-elle.

Mme Savoie souligne que la tendance est à l'externalisation des activités de recherche chez les grandes pharmas. On a d'autres entreprises à Montréal qui pourraient hériter de ces fonctions en sous-traitance. Ça peut créer des occasions», fait-elle savoir. Elle donne en exemple le partenariat entre Sanofi et Covance, entreprise contractuelle de recherche qui a des alliances avec certaines entreprises de Montréal. Elle rappelle que Merck s'est engagée à investir 100 millions en cinq ans dans la recherche, au moment de la fermeture de son laboratoire de recherche.

Disparition de 1200 postes depuis 2008

Selon une enquête de la CBC, diffusée en décembre dernier, le Québec a perdu 1200 emplois dans la recherche pharmaceutique depuis 2008, en dépit des avantages financiers consentis aux fabricants de médicaments d'origine.

Chez Pfizer, les abolitions de postes se concentrent au centre de recherche de Sandwich, en Angleterre, et à Groton, au Connecticut.

En novembre dernier, Pfizer annonçait un investissement de 22 millions dans son siège social canadien de Kirkland. Elle emploie 2100 personnes dans la région de Montréal, dont 1350 à l'ex-Wyeth, principalement en production.