Le numéro un mondial des téléphones mobiles, le Finlandais Nokia, a annoncé jeudi une nouvelle chute de 21% de ses bénéfices au quatrième trimestre, au terme d'une année 2010 où il a peiné à redresser la barre face à la concurrence venant d'Apple et des téléphones intelligents d'Android.

Une heure après cette annonce, l'action Nokia chutait, malgré des résultats moins mauvais que prévu, de 6,3% à 7,31 euros (9,99 $) à la Bourse d'Helsinki, en raison des prévisions jugées peu solides du Finlandais pour le premier trimestre de l'année 2011.

Entre octobre et décembre, le bénéfice net du géant des téléphones a chuté à 745 millions d'euros (environ 1,018 milliard de dollars), contre 948 millions (environ 1,295 milliard de dollars) un an plus tôt, tandis que le chiffre d'affaires a progressé de 6% à 12,65 milliards d'euros (plus de 17 milliards de dollars), selon son rapport annuel.

«La tendance à la croissance dans les téléphones continue à être encourageante», déclare dans le rapport le nouveau PDG, le Canadien Stephen Elop, mais «Nokia fait face à des difficultés significatives dans notre compétitivité et dans l'exécution» de ses projets.

«Bref, le secteur a changé et maintenant il est l'heure pour Nokia de changer plus vite», dit le patron nommé à l'automne dernier, premier étranger à diriger Nokia.

Les résultats sont néanmoins meilleurs qu'attendu: les analystes tablaient pour le dernier trimestre sur une chute de 45% du bénéfice net à 526 millions d'euros (719 millions de dollars) et une petite hausse de 3% du chiffre d'affaires à 12,35 milliards d'euros (16,87 milliards de dollars), selon Dow Jones Newswires.

Mais, selon les analystes cités par l'agence financière, les marges et les ventes prévues par Nokia sont décevantes, ce qui a pesé sur le cours.

Sur l'ensemble de l'année, le bénéfice a progressé à 1,85 milliard d'euros (2,53 milliards de dollars) contre 891 millions d'euros (1,217 milliard de dollars) en 2009, tandis que le chiffre d'affaires a augmenté de 4%.

Mais après deux mauvaises années, les ventes de Nokia, qui a perdu en parts de marché, sont à peine au-dessus de leur niveau de 2006, à 42,451 milliards d'euros (57,97 milliards de dollars) l'an passé alors qu'elles étaient de 50,71 milliards en 2008.

Le géant finlandais, qui emploie au total 132 400 personnes contre 123 600 il y a un an, estime que sa part du marché mondial a reculé l'an passé à 32%, contre 34% en 2009, avec 123,7 millions de téléphones vendus, en baisse de 3%.

Hormis la Chine (+24% à 21,9 millions d'unités), toutes les régions sont en recul en volume, notamment l'Europe (-2%) et l'Asie-Pacifique hors Chine (-9%).

Nokia a peiné en 2010, selon les analystes, à corriger ses faiblesses sur le juteux créneau des téléphones intelligents, où il subit la loi de l'iPhone de l'Américain Apple, du BlackBerry du Canadien RiM et des appareils utilisant le système d'exploitation Android de Google.

Il a été affecté par des retards de lancements, notamment celui de son nouveau téléphone phare, le N8, destiné à concurrencer l'iPhone, et celui toujours attendu de Meego, son nouveau système d'exploitation qui doit moderniser l'actuel, Symbian, jugé dépassé.

Le Finlandais est désormais rattrapé par une concurrence accrue sur le moyen de gamme, où il était jusque-là plutôt épargné, avec l'arrivée de modèles sous Android à moins de 70-100 euros (96-137 $), soulignent des analystes.

Sa coentreprise avec l'Allemand Siemens, l'équipementier télécoms Nokia Siemens Networks (NSN), a elle continué à afficher des résultats médiocres au quatrième trimestre.

Le bénéfice opérationnel a reculé à seulement 1 million d'euros (1,37 million de dollars) contre 17 millions (23 millions de dollars) il y a un an, malgré un chiffre d'affaires en hausse de 9% à 3,96 milliards d'euros (5,4 milliards de dollars).

Pour l'ensemble de l'année, Nokia Siemens a vu ses ventes presque stagner (+1%) à 12,66 milliards (17,29 milliards), pour une perte opérationnelle réduite de 57% à 686 millions d'euros (environ 937 millions de dollars).