Les Canadiens ont beau s'être rués sur l'iPhone 4 de Rogers (T.RCI.B) au cours des derniers mois, la concurrence grandissante dans le sans-fil a fait mal au géant ontarien.

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Rogers a vu ses profits chuter du quart au troisième trimestre, à 370 millions de dollars, une nouvelle qui est a fortement déplu aux investisseurs hier. Son titre a perdu presque 8% à la Bourse de Toronto.

«Comme on s'y attendait, ces résultats reflètent l'impact plus visible de la concurrence accrue, puisque c'est vraiment le premier trimestre où presque tous les nouveaux concurrents ont été actifs dans de nombreux marchés», a indiqué Nadir Mohamed, président et chef de la direction de Rogers, pendant une téléconférence.

Plusieurs fournisseurs ont fait leur apparition au cours des derniers mois d'un bout à l'autre du pays, dont Public Mobile, Wind Mobile et Mobilicity. Au Québec, Vidéotron a lancé son propre réseau en septembre.

Pour affronter ces nouveaux concurrents axés sur les bas prix, Rogers a inauguré l'été dernier la marque chatr, qui offre des forfaits illimités à coût modéré. Une geste qui a entraîné une certaine «cannibalisation» de ses clients les plus payants, selon l'analyste Philip Huang, de la firme UBS.

À preuve, le revenu mensuel moyen par abonné - une mesure-clé dans l'industrie - a reculé au troisième trimestre. Il a baissé de 2,4% pour les clients avec contrat, à 74,98$. Philip Huang s'attendait plutôt à 76,02$.

Subventions

L'engouement pour l'iPhone 4 coûte par ailleurs très cher à Rogers, puisque l'entreprise subventionne tous ses téléphones intelligents en échange d'un contrat de trois ans.

L'iPhone 4, par exemple, revient entre 159$ et 169$ aux abonnés de Rogers, plutôt que 659$ à 779$ s'ils l'achetaient directement chez le fabricant Apple.

Ces subventions et les autres mesures de «rétention» de la clientèle ont coûté 221 millions pendant le troisième trimestre, comparativement à 148 millions à la même période l'an dernier. Une pression supplémentaire sur les marges de l'entreprise.

Cette migration massive vers des téléphones intelligents comporte toutefois un avantage énorme pour Rogers.

De plus en plus de ses clients possèdent un tel appareil - 37% comparativement à 28% il y a un an -, et ceux-ci utilisent abondamment le transfert de données pour naviguer sur le web ou envoyer des textos.

Cet usage accru permet de compenser une partie des revenus perdus au chapitre de la voix.

Quelque 529 000 consommateurs ont opté pour un téléphone intelligent de Rogers pendant le trimestre, dont le tiers sont de nouveaux clients.

Bonne performance

Ce résultat se situe au deuxième rang des meilleures performances historiques de l'entreprise dans ce segment, a noté l'analyste Maher Yaghi, de Valeurs mobilières Desjardins.

En excluant les abonnés qui ont migré vers la concurrence, Rogers a gagné 211 000 nouveaux clients entre juillet et septembre.

Les revenus totaux du groupe ont atteint 3,12 milliards pendant le trimestre, en hausse de 3% sur un an.

Les profits (64 cents par action) ont quant à eux reculé de 24%.

Le titre de Rogers a clôturé à 38,13$ à la Bourse de Toronto, en baisse de 7,7%.