L'appréciation du dollar canadien au-delà de la parité avec le billet vert grugerait complètement la marge bénéficiaire de 5 des 19 segments du secteur manufacturier canadien.

Selon une projection faite par la Banque Nationale, les fabricants de pièces d'autos, de produits du bois, de papier et de véhicules et remorques verraient leur bénéfice d'exploitation annihilé si le huard se négociait en moyenne à 102 cents US l'an prochain.

«Au Canada, les usines exportent environ la moitié de leur production», explique l'économiste Marc Pinsonneault, dont l'analyse a été réalisée à partir des données de Statistique Canada sur les bénéfices d'exploitation des entreprises au deuxième trimestre.

Comme plusieurs vendent sur des marchés dont les prix sont exprimés en dollars américains, les variations du taux de change modifient beaucoup la taille de leurs profits exprimés en dollars canadiens. «L'impact varie d'une industrie à l'autre selon la portion de la production destinée à l'exportation et selon la proportion des intrants importés», explique M. Pinsonneault. L'effet négatif de la première peut être annulé par les économies réalisées par l'autre, comme c'est le cas de l'industrie de l'imprimerie.

Dans tous les autres segments cependant, l'appréciation du huard contre le billet vert écorne les profits quand elle ne les transforme pas en pertes. La rentabilité du matériel de transport (à l'exclusion des véhicules routiers), du textile, du vêtement et du cuir serait ainsi durement mise à l'épreuve.

En revanche, les solides excédents des fabricants de matériel électronique et informatique, de produits minéraux non métalliques ou de produits chimiques de base comme la pétrochimie leur permettraient d'absorber le choc plus aisément. «Même si nous prévoyons une augmentation de la demande américaine l'an prochain, la situation restera difficile pour beaucoup de manufacturiers canadiens», conclut-il.

Hier, le dollar canadien a grimpé de 92 centièmes pour terminer la journée à 97,83 cents US.