Durant l'été, l'économie canadienne a ralenti plus vite que l'américaine, mais elle serait en train de se ressaisir quelque peu.





Dans sa nouvelle note de conjoncture canadienne, le Conference Board du Canada estime que la croissance a été limitée à seulement 0,8% en rythme annualisé, de juillet à septembre, mais qu'elle est en train de rebondir à 4% au dernier trimestre.



Au total, la croissance du produit intérieur brut (PIB) devrait afficher 3,0% cette année, selon l'organisme de recherche établi à Ottawa. Il s'agit de la même prévision que celle annoncée hier matin par la Banque du Canada dans le communiqué faisant part de la reconduction à 1,0% de son taux directeur. Il avait été majoré à trois reprises depuis le 1er juin.

On connaîtra ce matin l'estimation de la Banque pour les troisième et quatrième trimestres, mais tous les observateurs s'entendent que le troisième sera plus faible que les 2% enregistrés d'avril à juin.

«La reprise mondiale entre dans une nouvelle phase, précise l'autorité monétaire dans le communiqué faisant part de sa décision. La conjugaison de la dynamique difficile sur le marché du travail et de la réduction du levier d'endettement en cours dans bon nombre d'économies (avancées) modère le rythme de la croissance par rapport à celui qui était projeté.»

Pedro Antunes, vice-président du Board, précise quant à lui que, «pour continuer sur sa lancée, le Canada devra s'appuyer sur l'économie américaine afin d'améliorer le commerce extérieur et de profiter d'une hausse constante de l'investissement privé dans l'immobilisation, deux éléments qui dépendent fortement des conjonctures américaine et mondiale».

Ces conjonctures incitent forcément la Banque à interrompre pour quelques mois la normalisation de son taux directeur.

Il existe une autre raison.

«Le système de dates préétablies fait en sorte que la Banque du Canada se devait de prendre une décision deux semaines avant que la Réserve fédérale ne s'apprête vraisemblablement à annoncer un cadre opérationnel entourant une nouvelle injection monétaire, précise Sébastien Lavoie, économiste en chef adjoint chez Valeurs mobilières Banque Laurentienne. Il était donc tout à fait approprié de rester sur les lignes de côté.»

Et le Board et la Banque expriment aussi une certaine inquiétude quant à la guerre des taux de change en cours et ses risques connexes. Aux yeux des autorités monétaires, cela pourrait «se traduire par une reprise plus lente et plus difficile à l'échelle du globe».

«Sans se montrer explicite à ce sujet, la Banque est nerveuse au sujet de ce qu'il pourrait advenir du dollar canadien dans le contexte d'une reprise de la politique de détente quantitative aux États-Unis», estiment Yanick Desnoyers et Paul-André Pinsonnault de la financière Banque Nationale.

En fait, le huard a plongé hier sous l'effet d'une montée du billet vert contre toutes les autres devises par suite de la décision de la Chine de majorer de 25 centièmes son taux directeur, mais le vent peut tourner de nouveau.

La Banque s'attend désormais à ce que la croissance de l'économie canadienne soit de 2,3% l'an prochain et de 2,6% en 2012. Le Board est un peu plus optimiste pour l'an prochain, avec une prévision de 2,5%, ce qui représente une baisse de quatre dixièmes sur son scénario estival.

Pour la Banque, il s'agit de révisions considérables et ce sont les deuxièmes d'affilée. En juillet, elle prévoyait une croissance de 3,5% cette année, de 2,9% l'an prochain et de 2,2% en 2012.

La Banque s'attend à ce que l'économie ait retrouvé son plein potentiel à la fin de 2012, soit un an plus tard que dans son scénario de juillet.

L'autorité monétaire prévoit enfin que le taux d'inflation atteindra la cible de 2% à la fin de 2012 seulement.

La Banque indique aussi clairement son intention de rester longtemps en touche. «En cette période de transition de la reprise mondiale et étant donné l'affaiblissement des perspectives aux États-Unis, les contraintes qui commencent à modérer la croissance des économies de marché émergentes et les considérations internes qui devraient ralentir la consommation et l'activité dans le secteur du logement au Canada, toute nouvelle réduction du degré de détente monétaire devra être évaluée avec soin.»