Les entreprises qui testent les futurs médicaments sur les humains et les animaux voient une reprise se dessiner à l'horizon. Mais celle-ci ne viendra pas du Québec, les produits inventés ici comptant pour une part de plus en plus faible de leurs carnets de commandes.

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Véritable baromètre de l'industrie pharmaceutique, celles qu'on appelle les entreprises de «recherche contractuelle» ont écopé comme tout le monde pendant la crise. Sauf que, contrairement aux entreprises de biotechnologie québécoises, elles voient la lumière au bout du tunnel.

«Notre chiffre d'affaires a stagné pendant les deux dernières années, mais on voit que ça commence à revenir», dit Mark Busgang, président et chef de la direction de Warnex, entreprise qui offre des services de laboratoire à l'industrie pharmaceutique.

Selon les derniers chiffres du ministère du Développement économique, l'industrie québécoise de la recherche contractuelle compte 29 entreprises qui emploient 4600 personnes. Pour la plupart d'entre elles, le gros des affaires provient des multinationales pharmaceutiques qui leur confient des médicaments à tester.

Les produits inventés par les petites biotechs québécoises, c'est de «l'extra», dit Luc Mainville, président et chef de la direction de LAB Recherche, entreprise qui teste des médicaments sur les animaux.

Il avoue cependant que cet «extra» perd de l'importance alors que LAB Recherche vient d'agrandir ses installations pour accueillir de nouveaux clients plus importants.

«La biotech québécoise ne croît pas au même rythme que nos autres segments d'affaires», observe M. Mainville.

Chez Algorithme Pharma, qui dit tirer environ 20% de ses revenus auprès des biotechs québécoises, on dit aussi voir à quel point ce segment manque de vigueur.

«Je dirais qu'au cours des trois ou quatre dernières années, on a dû voir une chute de 50 à 70% des activités en provenance du Québec», dit le président et chef de la direction, Chris Perkin.

Cette baisse a contribué aux difficultés d'Algorithme Pharma, qui a fait passer ses effectifs de 400 à 320 employés. L'entreprise a réagi en allant gagner des parts de marché en Europe. Elle voit aussi une reprise aux États-Unis, ce qui lui fait croire que le pire est derrière elle.

Mais M. Perkin ne voit pas de signe que l'industrie québécoise, elle, repart. «Au Québec, ça s'est virtuellement asséché», note-t-il.

Chez Ethica Clinical, on dit tirer environ 10% des revenus des biotechs québécoises. «C'était plus élevé auparavant. Mais on ne voulait pas se fier à ça», dit la présidente, Janice Parente.

Ethica Clinial offre maintenant aux entreprises pharmaceutiques des systèmes pour analyser les données qu'elles récoltent auprès des patients, ce qui leur permet d'évaluer la qualité de leurs médicaments sans se lancer dans de nouvelles et coûteuses études auprès de patients.

En général, les entreprises de recherche contractuelle se plaignent d'une concurrence beaucoup plus vive et de prix plus bas dans l'industrie.

«Je suis dans l'industrie depuis 1992 et je n'ai jamais travaillé aussi fort. Il faut travailler plus pour le même dollar», dit Janice Parente.

LAB Recherche dit aussi avoir dû réduire ses prix de 15% au cours de la dernière année pour gagner des parts de marché