Le consommateur canadien, autrefois fiable, se révèle de plus en plus être un maillon faible de la reprise économique et des perspectives de croissance.

Une enquête a révélé jeudi que la confiance des Canadiens envers la reprise s'était effritée et que plusieurs d'entre eux remettaient à plus tard certaines décisions d'achat.

La firme de recherche en marketing TNS Canada a indiqué que son indice de confiance des consommateurs avait retraité de 2,3 points de pourcentage en septembre, ce qui s'inscrit dans la même tendance que celle d'autres sondages, après quatre reculs mensuels consécutifs dans les ventes au détail.

Selon l'enquête de TNS, plusieurs facteurs empêchent les Canadiens d'adopter une perspective plus favorable, notamment leur plus faible confiance vis-à-vis du revenu des ménages et des perspectives d'emplois pour les six prochains mois.

Un moins grand nombre de répondants ont indiqué que le moment était bon pour effectuer un achat important.

Il est possible que les ménages canadiens, tout comme leur voisins américains, n'aient tout simplement plus assez de ressources pour continuer à soutenir l'économie comme ils l'ont fait jusqu'à maintenant, ont estimé des analystes.

La Banque du Canada a lancé plusieurs avertissements depuis le début de l'année au sujet du niveau d'endettement des ménages, et c'est l'une des raisons qui explique pourquoi elle est la seule banque centrale du G7 à avoir commencé à hausser son taux d'intérêt directeur.

Non pas que les Canadiens soient nombreux à s'approcher de la faillite - la plupart des experts calculent qu'une petite minorité est menacée par l'insolvabilité dans un avenir rapproché - mais ils pourraient néanmoins resserrer davantage les cordons de leur bourse, ce qui semble effectivement être le cas.

L'économiste Derek Holt, de la Banque Scotia, a noté que même si Ottawa pouvait se vanter de sa bonne position fiscale, cela ne s'étendait pas au secteur privé.

Lorsque la dette privée est jumelée à celle du gouvernement, elle atteint 239 pour cent du pays intérieur brut canadien, ce qui se rapproche de celle des pays dépensiers que sont les États-Unis, le Royaume-Uni et l'Espagne, tout en dépassant celle des pays en difficultés économiques que sont l'Italie et le Japon.

«Une des principales raisons qui expliquent la bonne performance du Canada par rapport à celle des autres pays du G7 cette dernière décennie est la vigueur de son économie intérieure, et je crois que cette histoire tire à sa fin», a expliqué M. Holt.

«Nous avons eu une très bonne séquence dans le secteur de la consommation et sur le marché de l'habitation, mais il est maintenant possible de faire valoir que les foyers canadiens sont épuisés par leurs dettes.»

Compte tenu de la faiblesse du secteur des exportations, qui souffre du recul de la demande aux États-Unis - son plus grand marché -, et de la vigueur du dollar canadien, plusieurs groupes de prévisions ont réduit leurs projections de croissance pour le Canada à deux pour cent ou moins pour les 18 prochains mois.

Cela pourrait témoigner d'une tendance normale lors d'une période de croissance, mais c'est inhabituellement faible pour une économie qui émerge à peine d'une récession.

Selon M. Holt, les futurs piliers de la croissance canadienne seront probablement les exportations de matières premières, en particulier le pétrole, et les investissements d'affaires. Mais pour la première fois depuis la dernière récession, l'économie pourrait devoir se tirer d'affaires sans grande aide de la part des consommateurs.