Les ménages canadiens ont de plus en plus de mal à joindre les deux bouts et sont préoccupés par leurs dettes, si l'on se fie aux données publiées lundi par deux sources différentes.

D'une part, un sondage de l'Association canadienne de la paie révèle que trois Canadiens sur cinq (59%) auraient du mal à s'acquitter de leurs obligations financières si leur chèque de paie leur était remis une semaine plus tard. En d'autres termes, ils vivent d'un chèque de paie à l'autre.

Cette situation est particulièrement ressentie par les plus jeunes travailleurs et, sans surprise, les familles monoparentales. Ainsi, 65% des travailleurs âgés de 18 à 34 ans seraient en position précaire s'il leur manquait un seul chèque de paie, une augmentation de 30% par rapport à l'an dernier, alors que la proportion de familles monoparentales qui ne pourraient se passer d'un chèque de paie atteint 76%.

Par ailleurs, près de la moitié des répondants (47%) n'économisent que 5% ou moins de leur revenu net, alors que les experts en planification financière recommandent en général un taux de 10% pour la retraite.

Une imposante majorité de 81% des répondants affirment que, s'ils gagnaient 1 million à la loterie, le remboursement de leurs dettes viendrait au premier ou au deuxième rang de leurs priorités, une augmentation de 11% par rapport à l'an dernier.

Cette préoccupation n'étonne guère à la lumière des données rendues publiques au même moment par Statistique Canada.

L'agence nationale nous apprenait en effet lundi que la valeur nette des ménages a diminué 0,6% - ou 34 milliards - au deuxième trimestre de 2010. Cette baisse, la première depuis le premier trimestre de 2009, est en grande partie attribuable au recul des marchés boursiers en Amérique du Nord. Sur une base individuelle, la valeur nette des ménages par habitant est passée de 176 000 $ au premier trimestre de 2010 à 174 000 $ au deuxième trimestre.

En contrepartie, l'endettement des ménages par rapport au revenu personnel a connu une légère baisse, pour s'établir à 143,7%. Il s'agit de la première baisse depuis le premier trimestre 2006. Il faut cependant noter que ce taux demeure extrêmement élevé et n'est que de quelques points inférieur au niveau record de 148% au trimestre précédent.

Ces rapports donnent du poids aux préoccupations de la Banque du Canada, selon qui les Canadiens accumulent trop de dettes et pourraient se retrouver en situation précaire lorsque les taux d'intérêt commenceront à augmenter.

Le sondage de l'Association canadienne de la paie a été mené auprès de 2766 employés de l'ensemble du Canada. L'intervalle de confiance est de 95% et la marge d'erreur est de 1,86%, 19 fois sur 20.

Les données de Statistique Canada, quant à elles, sont contenues dans les Comptes du bilan national du deuxième trimestre de 2010.