Septembre peut être déprimant pour les investisseurs, non seulement parce qu'il annonce la fin de l'été mais aussi car il s'agit souvent du mois qui offre les plus mornes performances sur les marchés boursiers.

Cette année, en plus, septembre a été précédé de plusieurs mois d'instabilité ayant miné la confiance des investisseurs.

«Septembre est historiquement le pire mois de l'année», a affirmé le président de AlphaMountain Investments, Brooke Thackray, auteur de quatre livres sur les «investissements saisonniers» ou les meilleures performances de certains secteurs à différents moments de l'année.

Depuis 1985, les actions ont chuté en moyenne de 1,7 pour cent sur l'indice composé S&P/TSX en septembre et ont connu des rendements positifs seulement 36 pour cent du temps, indique l'analyse de M. Thackray. Pour la majeure partie, ces baisses s'expliquent par des tendances saisonnières récurrentes.

Il s'agit d'un mois clé pour les investisseurs qui prennent des vacances en été et reviennent pour revoir leur portefeuille et se départir des actions plus faibles avant que l'année se termine. C'est aussi une période au cours de laquelle les analystes deviennent plus conservateurs dans leurs projections de bénéfices, souvent après avoir amorcé l'année sur une note plus audacieuse.

Le vice-président exécutif de Fidelity Investments Canada, Jaime Harper, a affirmé que la plus grande agitation des marchés durant l'automne était généralement reconnue dans les milieux financiers bien qu'il soit difficile d'en déterminer les causes précises.

«Certains des plus fameux effondrements sont survenus particulièrement en octobre - en 1929, le krach d'octobre 1987 et bien sûr l'automne 2008 après l'effondrement de Lehman Brothers a été très très difficile pour les marchés, avec une instabilité à des niveaux historiques», a souligné M. Harper.

Mais les prévisions pour le mois courant pourraient être particulièrement ardues, étant donné que 2010 a été tout sauf une année dans la moyenne dans le cadre de la fragile relance au pays, et que se présentent les menaces d'une double récession aux États-Unis et d'une économie mondiale déséquilibrée.

Au Canada, des données estivales décevantes, incluant un ralentissement de la croissance économique, une faiblesse de l'emploi et un marché immobilier en baisse ont succédé à des bénéfices décents au deuxième trimestre, qui ont été enregistrés après des mois d'instabilités sur les marchés.

Néanmoins, si l'enregistrement des meilleurs résultats de trimestre pour les deux premiers jours du mois est un quelconque indice, le mois de septembre pourrait renverser les tendances historiques.

Mais les investisseurs qui ont su se sortir de la récession, seulement pour conserver leurs actions durant des mois d'instabilité causés par une crise de la dette en Europe, ne devraient pas laisser un seul mois changer leur volonté de garder leurs pions sur le jeu, a fait valoir M. Harper.

«Septembre pourrait finalement être bon pour les marchés si l'on pense à ce que nous avons traversé au cours des trois derniers mois, a-t-il mentionné. L'été a été très dur.»

Selon M. Harper, prendre des décisions critiques en se basant sur des éléments court terme, ou paniquer parce qu'un certain mois est habituellement le pire, est une erreur car les marchés ne suivent pas nécessairement les mêmes tendances chaque année.

Plutôt, les investisseurs devraient adopter une approche à long terme pour éviter de manquer des occasions fructueuses.

«L'histoire nous indique que quand les gens tentent de gagner du temps, essayant de deviner quels seront les meilleurs et les pires jours sur les marchés et se disent: »je devrais me retirer et je sais que je vais revenir quand les choses iront mieux«, ils ne le font pas», a fait valoir M. Harper.

La stratégie préconisée par M. Thackray est de ne pas se retirer complètement en septembre mais plutôt d'être plus conservateurs au cours du mois.