L'économie américaine continue de donner des signes de faible avancée. Hier, les résultats des deux grandes enquêtes sur le marché du travail en août ont légèrement dépassé les attentes tandis que l'indice non manufacturier des décideurs d'achat (ISM) signalait un secteur en croissance, bien que ralentie, pour un huitième mois d'affilée.

Les investisseurs et les prévisionnistes ont accueilli avec un certain soulagement les données du département du Travail faisant état d'un ajout de 67 000 travailleurs aux listes de paye, en août, une fois exclus les emplois temporaires liés au recensement décennal. La prévision médiane des experts tablait plutôt sur 40 000.

En outre, les chiffres de juillet ont été révisés : le gain initial de 71 000 est porté à 107 000.

L'autre enquête réalisée auprès des ménages pousse le niveau des chercheurs d'emplois d'un dixième à 9,6%. Cette augmentation cache cependant une réalité plus encourageante : le taux de participation au marché du travail augmente de sept centièmes à 65,4%. «Cela indique peut-être que les Américains jugent moins sombres les perspectives de se trouver un emploi», suggère Peter Buchanam, économiste chez CIBC.

C'est peut-être aussi ainsi qu'investisseurs et spéculateurs ont réagi en poussant les indices boursiers nord-américains à nouveau à la hausse hier.

«Le fait que les demandes initiales d'assurance-emploi ont diminué pour une deuxième semaine d'affilée et que les annonces de licenciements sont tombées à un creux de dix ans renforcent l'idée que le marché du travail sort lentement du tunnel», argue Douglas Porter, économiste en chef adjoint chez BMO marchés des capitaux.

Les deux enquêtes publiées hier recelaient aussi une autre information encourageante : la proportion de sans-emplois depuis plus de 27 semaines est passée de 44,9% à 42% de juillet à août.

Cela dit, le marché du travail est loin d'être rétabli, ni même en voie de rétablissement convaincant.

Le taux de sous-emploi, qui tient compte des salariés à temps partiel désireux de travailler à temps plein et inclut les gens qui ont renoncé à se chercher activement un emploi, est passé de 16,5% à 16,7%, tandis que la durée moyenne de la semaine de travail est restée à 34,2 heures.

Moins sombres que prévu, ces chiffres attestent néanmoins du marasme du marché du travail malgré le retour de l'économie américaine à la croissance depuis maintenant un an. Cela attise les rumeurs selon lesquelles Washington s'apprête à annoncer de nouvelles mesures de relance pour stimuler l'embauche et garder l'économie à flots.

Les employeurs hésitent à embaucher car l'avenir ne les rassure pas complètement.

Le résultat décevant de l'ISM non manufacturier apporte de l'eau à leur moulin d'autant que le secteur des services représente les deux tiers de l'activité économique. À 51,5, l'indice est à son plus faible niveau depuis janvier.

Il pointe toujours vers la croissance, mais le recul de 2,8 points est plus fort que prévu et le plus important depuis novembre 2008. La barre des 50 points marque la différence entre la zone de croissance et de décroissance de l'indice.

Sept de ses dix composantes étaient à la baisse dont celles des nouvelles commandes et des commandes en carnet. Celle de l'emploi est passée en territoire négatif pour une deuxième fois en trois mois.

Cette mesure contraste avec celle de l'indice manufacturier publiée plus tôt cette semaine. À 56,3, il avait étonné par sa force d'autant qu'il pointait vers la croissance pour un 13e mois d'affilée.

«L'importance de la baisse de l'ISM non manufacturier pèse cependant plus lourd que la légère croissance de 0,8 point enregistrée par l'indice manufacturier, signale Francis Généreux, économiste principal chez Desjardins. Ensemble les indices et leurs composantes continuent de signaler une faible croissance de l'économie.»