Le numéro un mondial des ordinateurs, Hewlett-Packard (HP) (HPQ) s'est adjugé le fabricant californien de systèmes de stockage 3PAR pour 2,4 milliards de dollars à l'issue d'une bataille d'enchères avec son rival Dell (DELL), qui a jeté l'éponge jeudi.

Dell a indiqué jeudi qu'il n'allait «pas augmenter sa proposition récente pour acquérir 3PAR, et avait mis fin à ses discussions sur une acquisition potentielle»;

Plus tôt jeudi, HP avait coupé l'herbe sous le pied de Dell en proposant 33$ par action pour 3PAR, soit 2,4 milliards de dollars, alors que son rival n'avait même pas eu le temps d'annoncer qu'il venait de relever sa dernière proposition de rachat à 32$ contre 27$ auparavant.

Dell et 3PAR avaient annoncé le 16 août un accord de rachat pour 1,15 milliard de dollars mais HP a fait une contre-offre surprise le 23 août à 1,6 milliard.

Il avait alors révélé avoir été «depuis un certain temps» en négociations avec 3PAR pour le racheter mais que Dell lui avait d'abord ravi la mise.

HP a dû enchérir encore 3 fois et mettre sur la table 800 millions de dollars supplémentaires avant de voir Dell s'incliner.

Ce dernier recevra une indemnité de rupture de contrat de 72 millions de dollars.

«Nous avons eu une approche mesurée pendant tout le processus (d'enchères) et avons décidé de mettre fin à ces discussions» a commenté Dave Johnson, directeur de la stratégie chez Dell, cité dans le communiqué.

«Nous allons continuer à placer les intérêts de nos clients et actionnaires au premier plan de nos décisions», et «notre priorité est de créer de la valeur sur le long terme», a renchéri Brian Gladden, le directeur financier.

Ces guerres d'enchères entre les deux plus grands fabricants américains d'ordinateurs est une aubaine pour 3PAR, dont l'action a triplé en moins d'un mois.

Vers midi, l'action 3PAR gagnait 2,34% à 32,83%, alors qu'elle valait moins de 10$ il y a encore trois semaines.

HP prenait de son côté 0,51% à 39,41$ et Dell 1,82$ à 12,33$.

Les deux groupes, tous deux assis sur des montagnes de liquidités, disposaient de beaucoup de marge financière pour mettre la main sur la société californienne, inconnue hors des cercles spécialisés il y a encore trois semaines.

Elle vend des logiciels permettant d'installer une architecture de stockage dématérialisé, c'est-à-dire sur ses propres serveurs et non ceux de ses clients, et accessibles par internet.

HP et Dell, respectivement premier et troisième fabricant d'ordinateurs au monde, tentent de devenir des fournisseurs complets de matériels et services informatiques, alors que le marché des PC s'essoufle.

HP a pris de l'avance dans cette stratégie à coup d'acquisitions depuis déjà plusieurs années, et dispose d'une petite présence sur le marché du stockage dématérialisé, à forte croissance et à fortes marges, alors que Dell n'en a pas.

Pour Robert Enderle, analyste de la Silicon Valley, il était plus crucial pour HP d'acquérir Dell, car il dispose déjà d'une division de logiciels, que pour Dell.

Selon lui, «si Dell avait surpayé 3PAR, cela aurait été plus problématique que pour HP, car ils n'auraient vraiment plus eu de marge de manoeuvre pour faire quoi que ce soit d'autre».

Dell, plutôt que de se contruire une offre de logiciels capable de concurrencer celles d'IBM, comme HP tente de le faire, ce qui serait très coûteux et long, aurait intérêt à approfondir son partenariat avec Microsoft, estime l'analyste.

M. Enderle salue aussi le fait que HP ait été capable de mener une telle bataille alors qu'il est actuellement sans PDG définitif, à la suite de l'éviction brusque de l'ex-patron Mark Hurd début août.