La pire année depuis au moins 1999: si la tendance se maintient, c'est vers ce triste record que se dirigent les exportations internationales du Québec cette année. Une situation qui risque de détériorer encore davantage le solde commercial de la province, systématiquement déficitaire depuis 2003.





Ceux qui étaient vraiment en manque de bonnes nouvelles ont pu se réjouir hier de voir les exportations internationales du Québec bondir de 7,7% au mois de juin. Hélène Bégin, économiste principale au Mouvement Desjardins, n'était pas du lot.



«Les expéditions à l'étranger évoluent en dents de scie depuis plusieurs mois», note-t-elle pour expliquer cette hausse temporaire. En regardant un peu plus large, l'économiste constate que pour la première moitié de l'année, les exportations du Québec sont en fait en retard de 1% par rapport à l'an dernier.

Or, en dollars constants, 2009 était la pire année à ce chapitre depuis 1999.

Mais le plus inquiétant aux yeux des économistes, c'est que les statistiques publiées hier documentent la situation jusqu'en juin dernier, soit avant que les nouvelles négatives en provenance des États-Unis ne commencent vraiment à débouler comme elles le font depuis la semaine dernière.

Et comme 70% de nos exportations internationales prennent encore le chemin des États-Unis, un ralentissement là-bas n'est pas de nature à redresser le portrait.

«Malgré la reprise économique américaine qui était plus forte il y a quelques mois et quelques trimestres, les exportations internationales du Québec n'ont pas réussi à se redresser. Dans la perspective où on a maintenant une croissance plus molle aux États-Unis, si on a déjà manqué le bateau quand ça allait bien... Disons qu'on est moins optimiste qu'on ne l'était», lance Hélène Bégin.

Sa collègue Marie-Claude Guillotte, économiste à la Banque Laurentienne, a aussi vu son bel optimisme du printemps fondre.

«En avril, on a vu une bonne hausse des exportations québécoises et on pensait que la chute était en train de se terminer. Mais avec les risques de rechute qui sont plus présents aux États-Unis, je pense que les exportations internationales en 2010 vont être moins élevées qu'en 2009.»

Mme Guillotte note que les exportations vers les pays du BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine) affichent certes de belles croissances... mais elles ne représentent encore qu'environ 5% du total des marchandises qui quittent nos frontières.

Bref, 2010 pourrait bien être la pire année depuis plus d'une décennie pour les exportations internationales.

Chez Desjardins, Hélène Bégin note que les exportations vers les autres provinces, qui représentent tout de même un tiers des exportations totales du Québec, sont moins frappées puisque l'économie canadienne se porte mieux que l'économie américaine. Mais selon elle, ça ne sera pas suffisant pour sauver le solde commercial du Québec, qui s'enfonce en territoire négatif depuis 2003.

«Je trouve ça un peu dommage pour le Québec. C'est un élément qui va continuer de miner la croissance», dit-elle.