Trente-six postes à pourvoir chez Desjardins; 330 dans les Forces canadiennes; 14 chez Conseillers CGI. Voilà seulement quelques unes des centaines d'offres d'emploi affichées ces derniers jours sur le site Jobboom, signe d'un besoin soutenu de main-d'oeuvre au pays.

Au lendemain de la publication de données désastreuses aux États-Unis, le Conference Board a dévoilé hier un rapport au ton nettement plus hop la vie pour le Canada. Les perspectives d'embauche sont à la hausse dans 19 des 27 villes de plus de 100 000 habitants du pays, indique-t-on. Et le Québec fait très bonne figure.

«Une des principales choses qu'on observe, c'est un rebond du secteur manufacturier, couplé à la force de l'économie intérieure et à la vigueur remarquable du secteur de la construction», a indiqué Alan Arcand, économiste principal au Conference Board, en entrevue téléphonique.

Quatre des cinq grandes villes du Québec - Montréal, Sherbrooke, Trois-Rivières et Saguenay - affichent des perspectives d'embauches à la hausse pour les prochains mois, selon l'étude mensuelle. La région administrative d'Ottawa-Gatineau aussi. Seule la Vieille Capitale devrait voir le nombre de nouveaux postes reculer.

La demande des entreprises pour de nouveaux employés s'est fait sentir de façon remarquable depuis le printemps, confirme Marc-Étienne Julien, président de la firme Randstad Recrutement. La hausse atteint 40% à 50% par rapport à l'an dernier, calcule-t-il.

«Le deuxième trimestre a été excessivement occupé, a dit M. Julien. La demande nous provient de tous les secteurs, mais elle très marquée au niveau industriel.»

Les besoins sont aussi croissants dans l'industrie financière. Le Mouvement Desjardins, qui a dû se restructurer pendant la crise économique, a par exemple accéléré son rythme d'embauche. «Cela va essentiellement avec la croissance de notre volume d'affaires», a indiqué la porte-parole Nathalie Genest.

Des employeurs parlent même d'une pénurie de main-d'oeuvre pour certaines catégories de travailleurs. L'assureur Standard Life a ainsi de la difficulté à pourvoir ses postes spécialisés - mais temporaires - en prévision de la saison des REER.

«Il y a de la compétition dans le marché pour le même genre de candidat qu'on recherche, a expliqué Sophie Fortin, première vice-présidente aux ressources humaines. Si on remontre à 5, 6 ou 7 ans, c'était très facile de trouver des candidats temporaires.»

Le marché de l'emploi a été particulièrement vigoureux à Montréal avec l'ajout de 40 000 nouveaux postes pendant les sept premiers mois de l'année, souligne le Conference Board. Le rythme de croissance de l'emploi devrait toutefois diminuer d'ici la fin de 2010, prédit l'économiste Alan Arcand.

L'emploi a d'ailleurs enregistré son premier recul en 11 mois en juillet au Canada, avec une perte nette de 9300 jobs qui n'a pas trop inquiété les experts. Le taux de chômage national a grimpé de 0,1%, à 8%, et il est passé de 7,8% à 8,2% au Québec. Le taux ontarien atteint 8,5%.

Le Conference Board prévoit une hausse des embauches dans 10 des 11 plus grandes villes ontariennes au cours des prochains mois, tandis que les provinces atlantiques et l'ouest du pays affichent un portrait mitigé.

Hausses de salaire

Et comment se portera la rémunération pour l'année qui vient? Selon la firme Morneau Sobeco, les entreprises seront moins nombreuses à imposer des gels de salaire à leurs employés en 2011.

«C'est un peu mieux, l'optimisme est meilleur que l'an dernier au chapitres des embauches et de la rentabilité des entreprises», a indiqué Richard Béliveau, associé chez Morneau Sobeco.

Les hausses de salaire prévues s'élèveront à 2,7% en moyenne, comparativement à 2,5% l'an dernier, selon les 305 employeurs sondés.

Ces prévisions doivent toutefois être analysées avec prudence, avertit M. Béliveau. À l'été 2008, quelques mois avant qu'éclate la crise financière sur Wall Street, les sociétés canadiennes prévoyaient des hausses salariales de 3,5%... qui ne se sont jamais matérialisées.