La messagerie du téléphone multimédia BlackBerry au cryptage ultra sécurisé a été rétablie vendredi en Arabie saoudite, quatre heures après avoir été interrompue, alors que le régulateur national des télécommunications avait annoncé la suspension de ce service pour ce jour.

Ce matin, de nombreux utilisateurs ont déclaré ne plus pouvoir utiliser la fonction messagerie de leurs téléphones.

Mais quatre heures plus tard, ils ont indiqué que ce service a été rétabli.

Il n'a pas été possible d'obtenir vendredi, jour chômé en Arabie saoudite, des éclaircissements auprès du régulateur, la Commission de la technologie des communications et de l'information (CITC).

Des employés des services clientèle de deux opérateurs, STC et Mobily, interrogés par l'AFP, ont indiqué sous couvert d'anonymat, qu'en fait il n'y a eu aucune suspension et que les deux firmes attendaient une confirmation de la décision officielle du régulateur saoudien.

La CITC avait ordonné mardi une suspension des messageries BlackBerry à partir de vendredi, sans préciser l'heure à laquelle elle serait effective.

Elle avait justifié sa décision par le fait que l'utilisation du BlackBerry contrevenait aux réglementations en vigueur dans le pays.

Ryad a emboîté le pas aux Émirats arabes unis qui ont annoncé, dimanche, la suspension à partir du 11 octobre des principaux services de BlackBerry, en arguant qu'ils n'étaient pas conformes aux réglementations.

L'Arabie saoudite comme les Émirats censurent l'accès à internet, notamment aux sites pornographiques, ainsi qu'à certains sites politiques.

Les appareils du canadien Research in Motion [[|ticker sym='T.RIM'|]]

présentent selon les experts un niveau de cryptage des données supérieur à la plupart des «smartphones», rendant très difficile la surveillance de leurs utilisateurs.

Jeudi, les États-Unis et le Canada ont annoncé des discussions avec les pays qui demandent à pouvoir mieux surveiller ces téléphones.

«Nous prenons le temps de nous concerter et d'analyser tout l'éventail des intérêts et des aspects du dossier, parce que nous sommes conscients que se posent des questions légitimes de sécurité. Mais il existe également un droit légitime à un accès et à une utilisation sans entraves», a déclaré la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton.

Le porte-parole de Mme Clinton, Philip Crowley, a indiqué que Washington prenait contact avec l'Arabie saoudite, l'Inde et d'autres pays ayant des inquiétudes au sujet du BlackBerry, dans l'espoir de résoudre le problème. Washington souhaite aussi contacter RIM afin de voir comment conjuguer les besoins de sécurité et d'information.

Au Canada, le ministre du Commerce international, Peter Van Loan, a indiqué que son gouvernement «va se porter à la défense de RIM (...) comme nous le faisons chaque fois que des compagnies canadiennes faisant affaire à l'étranger sont confrontées à ce genre de défi».

Il a annoncé des contacts avec les Émirats (500 000 abonnés), l'Arabie saoudite (700 000 abonnés) et d'autres pays pour trouver une «solution constructive» au différend.

En Inde, le gouvernement a évoqué des questions de sécurité nationale et la difficulté d'un contrôle du BlackBerry, menaçant également d'interdire certains de ses services dans le pays.

Le gouvernement indonésien a démenti envisager de bloquer l'accès à certains services du BlackBerry, tout en reconnaissant souhaiter des aménagements à son système de fonctionnement.

Bahreïn, voisin des Émirats arabes unis et à l'Arabie saoudite, a annoncé n'avoir aucune intention de suspendre des services du BlackBerry tandis que le Liban a indiqué ne pas avoir décidé «jusqu'à présent» de suspension.