Le groupe de presse du Washington Post a annoncé lundi que son hebdomadaire en difficultés Newsweek serait repris, pour une somme non précisée, par l'homme d'affaires Sidney Harman qui a fait fortune dans le commerce d'amplificateurs et d'enceintes.

«Il a promis non seulement de continuer à produire un magazine d'information vivant, intéressant et de première classe, mais aussi un (site) newsweek.com également dynamique. Et il prévoit de garder une majorité de l'équipe très talentueuse de Newsweek», a annoncé dans un communiqué le PDG du Washington Post, Donald Graham.

Newsweek citait sur son site internet «des sources proches des négociations» selon lesquelles M. Harman, fondateur du groupe Harman/Kardon devenu Harman International Industries, allait payer «une petite somme d'argent, et assumer des dizaines de millions de dollars d'obligations financières».

Le magazine, selon lequel la transaction sera bouclée fin août/début septembre, précisait toutefois que des frais, notamment de retraite, resteraient à la charge du Washington Post.

Vendredi, le New York Times croyait savoir que M. Harman reprendrait Newsweek pour un dollar symbolique, plus le passif du groupe.

«Newsweek est un trésor national. Je suis absolument ravi de succéder à la société du Washington Post et à la famille Graham et me réjouis de ce grand défi journalistique, économique et technologique», a dit M. Harman, époux nonagénaire d'une influente parlementaire californienne, la démocrate Jane Harman.

Newsweek a annoncé parallèlement le départ de son rédacteur en chef, Jon Meacham, à l'issue de la transaction.

Fondé en 1933 et propriété du Washington Post depuis 1961, l'hebdomadaire est une institution de la presse américaine. Comme son grand concurrent Time, du groupe Time Warner, Newsweek a été très durement touché par l'effondrement de la publicité et l'essor de l'internet qui ont fait plonger sa diffusion, et accumule les pertes depuis 2007.

En mai, M. Graham avait annoncé qu'il prévoyait encore des pertes cette année, et reconnaissait à demi-mot qu'il ne savait pas comment redresser le magazine. «Dans le climat actuel, il se pourrait qu'il trouve une meilleure place ailleurs», avait-il dit.

M. Harman, dans un «bref entretien» à l'hebdomadaire, a indiqué qu'il avait moins pour objectif de gagner de l'argent avec son investissement que de le ramener à l'équilibre.

«Je ne vois pas cela dans les termes économiques traditionnels. Le but de cet investissement est d'apporter les moyens pour la transition du magazine de sa position actuelle à une entreprise prospère dans les univers de l'imprimé, du numérique et du mobile», a-t-il dit.

«Je considèrerai que ce sera une victoire quand il sera à l'équilibre», a-t-il souligné.

Plusieurs noms avaient été cités parmi les repreneurs possibles. Lundi, Newsweek citait parmi eux Fred Drasner, un ancien patron du tabloïd New York Daily News, et le fonds d'investissement Avenue Capital Group, qui publie notamment le tabloïd The National Enquirer.

Entre 2008 et 2009, Newsweek a perdu presque 15% de son lectorat, pour garder 2,316 millions d'exemplaires vendus et tomber à la 26e d'un classement dressé par l'assocation Magazine Publishers of America, bien loin derrière Time, 13e avec 3,350 millions d'exemplaires vendus (-0,7%).