Cogeco (T.CGO) n'entend pas laisser filer les stations de radio de Corus Québec (T.CJR.B) et se dit prêt à se battre jusqu'en cour pour les garder.

Un nouvel acheteur s'est manifesté hier, plus d'un mois après que Corus eut accepté de vendre 11 stations à Cogeco pour 80 millions de dollars. T&T Média, formé par l'ex-conseiller municipal Nicolas Tétrault et l'ancien propriétaire de CKOI Paul Tietolman, a offert 81 millions pour mettre la main sur le réseau. Le groupe se dit en outre prêt à allonger «quelques millions supplémentaires».

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Marie Carrier, porte-parole de Cogeco, s'est montrée inflexible. Son entreprise a signé une entente d'achat «contraignante» avec Corus en avril dernier, laquelle devra être respectée sous peine de poursuites. «C'est une entente ferme, et si jamais une des parties se retirait, l'autre prendrait les mesures pour faire respecter son contrat.»

Corus a pour sa part rejeté d'un revers de main l'offre non sollicitée déposée par T&T Média. «On a vraiment une promesse d'engagement formelle avec Cogeco, on n'a même pas la possibilité pour le moment de considérer cette offre-là», a indiqué Mario Cecchini, vice-président de la société ontarienne au Québec.

Et que propose exactement T&T Média? Le groupe, qui a divulgué peu de détails sur son plan d'affaires, offre de payer 81 millions au comptant pour mettre la main sur toutes les stations de Corus Québec, incluant CKOI et le 98,5 FM.

T&T propose aussi d'acquérir pour une somme additionnelle l'antenne saguenéenne 98,3 FM et les installations d'Info 690 et du 940 AM, fermées par Corus il y a six mois. Le groupe veut rouvrir ces deux stations et réembaucher les journalistes congédiés, ce qui exigerait de faire de nouvelles demandes de licences.

Paul Tietolman estime que l'offre de T&T est «nettement supérieure» à celle déposée par Cogeco - et acceptée par Corus le 30 avril. «Ce qu'on entend partout, c'est que les gens ne sont pas emballés par l'offre de Cogeco», a-t-il lancé en conférence de presse.

Le groupe dit avoir un plan d'affaires unique qui misera sur le talent québécois et rappellera les belles années du showbiz, à l'époque de la populaire émission L'Empire des futures stars. Impossible toutefois d'en savoir plus, pour des raisons de «confidentialité».

T&T affirme bénéficier du soutien financier d'investisseurs canadiens dont l'identité n'a pas non plus été dévoilée. M. Tietolman a dit à La Presse Affaires avoir environ 15 millions disponibles pour assurer le roulement des stations, en plus des 81 millions offerts au comptant.

Le plus gros espoir de T&T se trouve à Gatineau, plus précisément dans les bureaux du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC). L'organisme réglementaire doit réviser la transaction Cogeco-Corus, et d'emblée, tout indique que le câblodistributeur devra se départir de certaines stations.

En vertu des règles actuelles, un diffuseur ne peut exploiter plus de deux stations de même langue sur une même fréquence dans un marché donné. Cogeco - qui possède déjà le réseau Rythme FM et le 93,3 FM à Québec - devra donc se débarrasser de stations à Québec, Montréal et Sherbrooke, à moins d'une exception du CRTC.

À l'opposé, T&T croit être en mesure de garder et d'exploiter toutes les stations de Corus, puisqu'il n'en possède aucune. Le groupe se dit cependant prêt à étudier toutes les éventualités, comme de racheter seulement les stations dont Cogeco serait obligé de se départir. T&T sera aussi patient qu'il le faudra, a dit M. Tietolman.

Selon une source, T&T tenterait simplement de mettre de la pression sur Cogeco pour qu'il accepte de vite céder les stations problématiques, au lieu de se soumettre au long processus d'examen devant le CRTC.

Marrie Carrier, de Cogeco, a admis qu'il existait des «enjeux» dans certains marchés, sans donner plus de détails sur ce qu'il adviendra des stations excédentaires. Le câblodistributeur déposera sa stratégie devant le CRTC d'ici quelques semaines.