Après s'être lancés dans les magasins durant tout l'hiver, les consommateurs américains ont retrouvé les vertus de l'épargne en avril.

La valeur et le volume des dépenses des ménages ont stagné, selon les données du département américain du Commerce, alors que les économistes financiers s'attendaient à un gain de 0,3 %.

Les indices boursiers américains ont reculé quelque peu après l'annonce de cette nouvelle, avant de se replier davantage par suite de la décision de l'agence de notation Fitch de retirer à l'Espagne sa note AAA.

La pause des consommateurs américains fait suite à d'importants gains de 0,5 et 0,6 % en février et mars qui avaient porté à 3,5 % en rythme annuel les dépenses de consommation au premier trimestre.

« La rémunération et les salaires en proportion du PIB (produit intérieur brut) sont près des creux historiques, alors que la consommation en tant que part du PIB reste toujours prêts de ses sommets, note Ed Green stratège américain en chef chez Valeurs mobilières TD. Cet écart est insoutenable. »

Pour le combler, il faudra compter sur une hausse de l'emploi et des salaires.

En mai, l'économie américaine a sans doute créé environ un demi-million d'emplois, grâce au recensement décennal. C'est en partie ce qui explique pourquoi le niveau de confiance des consommateurs a bondi à son niveau le plus élevé en 26 mois, selon le Conference Board.

Les achats de biens durables et de services ont légèrement augmenté en avril, mais la diminution de la consommation courante aura neutralisé ces gains.

Fait encourageant, le revenu personnel a bondi de 0,4 % pour le deuxième mois d'affilée. Depuis un an, il progresse de 2,5 %.

Cet apport d'argent additionnel a cette fois-ci été dirigé vers l'épargne. Le taux d'épargne a d'ailleurs bondi de 0,5 point de pourcentage, à 3,6 %, de mars à avril. Les ménages en profitent donc pour améliorer leur bilan qui s'était beaucoup détérioré durant la récession.

« Cette tendance d'une croissance plus rapide des revenus que de la consommation devrait se poursuivre », prédit Francis Généreux, économiste principal chez Desjardins.

Il ne faut pas pour autant tenir le consommateur américain pour battu, souligne Sal Guatieri, de chez BMO Marchés des capitaux. Il prévoit une progression de la consommation de 2,5 % en rythme annuel au deuxième trimestre, ce qui reste une contribution positive à la croissance économique, en dépit de la fin des encouragements fiscaux.

Reste que le consommateur ne sera pas la locomotive de la présente reprise, comme ce fut le cas au cours des cycles précédents.

Il bénéficie toutefois d'un environnement désinflationniste qui augmente son pourvoir d'achat. En avril, le déflateur des dépenses de consommation (DPC) a aussi stagné. Sa variation annuelle est restée stable à 2,0 %. Si on exclut les aliments et l'énergie, son rythme annuel est passé de 1,3 % à 1,2 %.

Le DPC de base est la mesure de l'inflation préférée de la Réserve fédérale américaine. Dans son monde idéal, il devrait progresser entre 1,5 % et 1,8 % par année.

Une lecture à 1,2 % signifie que des hausses des taux directeurs ne sont pas pour demain la veille. Le contexte reste favorable aux emprunts pour l'achat de biens durables, comme les autos ou les électroménagers.