André Desmarais, président et cochef de la direction de Power Corporation(T.POW), n'exclut pas que les sites internet de Gesca, dont Cyberpresse, fassent un jour payer les usagers pour une partie de leur contenu.

À l'issue de l'assemblée annuelle des actionnaires de Power, qui s'est déroulée jeudi à Montréal, M. Desmarais a indiqué que l'entreprise examinait attentivement les développements dans le secteur des médias, tout en soulignant qu'il ne pouvait pas prédire l'avenir.

Le dirigeant a de plus évoqué la possibilité, lointaine peut-être, que les journaux de Gesca ne soient plus disponibles que par voie numérique - sur internet, téléphone mobile ou tablette électronique - vu la désaffection grandissante pour les médias imprimés.

«Les jeunes, je ne suis pas sûr que c'est comme ça (sur papier) qu'ils veulent leurs journaux dans le futur, a déclaré André Desmarais. Il faut s'adapter à ce que les clients veulent.»

L'an dernier, Power a injecté plus de 100 millions $ dans Gesca, l'une de ses nombreuses filiales, pour racheter ses emprunts bancaires, devenus trop lourds à porter. En retour, les employés du principal quotidien du groupe, La Presse, ont accepté des concessions en ce qui a trait à leurs conditions de travail.

Gesca est ainsi dotée d'une «nouvelle fondation» qui devrait lui permettre de mieux «faire face» à l'avenir, lequel demeurera tout de même «assez difficile», a prévenu M. Desmarais.

Selon lui, toutefois, les médias qui offriront un «produit de qualité» auront «une bonne chance de survivre». Quand un journaliste lui a posé la question, il a exclu net la perspective de vendre La Presse, que Power contrôle depuis plusieurs décennies.

Le dirigeant a assuré que Gesca, qui possède également Le Soleil et cinq autres quotidiens québécois, «a toujours été rentable jusqu'à un certain point».

Power a envisagé de se porter acquéreur des journaux de Canwest, qui ont récemment été acquis par les créanciers non garantis du groupe pour 1,1 milliard $, mais a décidé de ne pas aller de l'avant, a indiqué André Desmarais.

Pétrolières

Son frère Paul, également cochef de la direction, a par ailleurs révélé jeudi qu'il avait interrogé la pétrolière française Total dans la foulée de la catastrophe survenue récemment sur un puits de BP dans le golfe du Mexique. Paul Desmarais fils siège au conseil d'administration de Total, dont Power détient environ un pour cent des actions.

«On a posé des questions sur ce sujet-là», a affirmé M. Desmarais, en faisant toutefois remarquer qu'il était impossible d'éliminer toute prise de risque dans le monde des affaires.

«C'est une tragédie environnementale terrible qui concerne tout le monde, et pas seulement BP, a-t-il relevé. Toutes les autres pétrolières doivent elles aussi être très concernées.»

D'autre part, les Desmarais, qui sont pourtant proches du Parti libéral, ont tenu à féliciter le gouvernement conservateur pour son «très bon travail» face à la récession des derniers mois.

Ils ont encouragé Ottawa à maintenir la pression pour éviter que les autorités mondiales ne procèdent à un resserrement «exagéré» de l'encadrement des institutions financières. À l'instar du secteur financier canadien, Power craint notamment que les seuils de capitalisation soient portés à des niveaux trop élevés.

«Le défi pour nous sera de maintenir notre système (canadien)», a estimé André Desmarais, qui est marié à France Chrétien, fille de l'ancien premier ministre libéral Jean Chrétien.

L'assemblée annuelle a confirmé l'élection d'Isabelle Marcoux, vice-présidente de Transcontinental [[|ticker sym='T.TCL.A'|]], au conseil d'administration de Power Corporation.

La société de portefeuille a annoncé jeudi avoir réalisé des profits nets de 224 millions $ (47 cents par action) au premier trimestre, qui a pris fin le 31 mars, contre 151 millions $ (31 cents par action) pendant la même période de l'an dernier.

Ses revenus ont atteint 9 milliards $, en hausse de 60,3%.

Outre Gesca, Power Corporation détient des investissements au Canada, en Asie, en Europe et aux États-Unis, en plus de contrôler la Financière Power [[|ticker sym='T.PWF'|]], l'assureur Great-West [[|ticker sym='T.GWO'|]] et la Financière IGM [[|ticker sym='T.IGM'|]].

L'action de Power Corporation a clôturé à 27,20 $ jeudi, en baisse de 2,9%, à la Bourse de Toronto.