Forte des prix remportés pour ses rapports annuels sur le développement durable de 2007 et 2008, Cascades a récemment envoyé à ses partenaires environnementaux, fournisseurs et autres clients un troisième livret original. Plus que le contenu, c'est le contenant, fait d'un matelas de mise bas pour porcelets, qui attire l'attention. «Chaque année, on essaie d'utiliser un produit fabriqué à l'interne pour la couverture», mentionne Hubert Bolduc, vice-président, communications et affaires publiques de Cascades.

En 2007, son agence de design graphique, Paprika, avait modelé en rapport annuel un carton de boîte de déménagement. Pour ses données de 2009, Cascades et Paprika mettent à l'honneur un produit (le SaniZorb) mis en marché il y a quatre ans pour les agriculteurs qui utilisaient jusque-là un tapis en caoutchouc comme enveloppe de maternité porcine.

Publié à environ 200 exemplaires, le rapport annuel sur le développement durable n'est pas destiné aux actionnaires de l'entreprise. «Dans le rapport traditionnel qu'on leur envoie obligatoirement, il y a une mention sur ce qu'on fait en développement durable», dit Hubert Bolduc.

Pour une entreprise qui prône l'utilisation réfléchie des ressources, la production d'un deuxième rapport chaque année semble superflue. Oui et non, selon Hubert Bolduc. «Notre rapport en développement durable est utilisé comme outil marketing, explique-t-il. C'est une façon de faire la promotion de Cascades. Des rapports de responsabilité sociale, il y en a plus qu'avant. Cela dit, il y a de plus en plus de téléchargements de notre rapport annuel sur notre site.»

Sylvie Dumoulin, présidente d'Oblik Communication-Design, n'est pas prête à annoncer la mort du rapport annuel traditionnel. «Contrairement à la croyance, beaucoup de gens n'ont pas le réflexe internet, dit-elle. Les préoccupations environnementales sont toutefois de plus en plus présentes. On utilise du papier contenant de la fibre recyclée. Le papier coûteux, très texturé, très glacé est aussi un peu passé de mode. Certains produits deviennent de toute façon moins disponibles chez les fournisseurs.»

«Dans le contexte économique difficile, le rapport annuel devient important, note Roland Aubert, vice-président, identité et culture de marque, de l'agence de publicité et design graphique Nolin BBDO. On le pense comme une stratégie de marque. Notre client Gaz Métro, par exemple, se sert du document comme outil de mise en place de ce qu'est la marque.»

Ces dernières années, le nombre de pages et le nombre d'exemplaires imprimés des rapports annuels ont cependant diminué. «Plusieurs entreprises ont pris contact avec leurs actionnaires pour leur demander s'ils étaient encore intéressés à avoir un exemplaire de leur rapport, dit Roland Aubert. Dans certains cas, on a constaté une baisse de 50% du nombre d'exemplaires imprimés.»

 

Le papier contre l'internet

En conférence, lundi, John Williams, président et chef de la direction de Domtar, a annoncé le lancement d'une campagne publicitaire nordaméricaine (imprimée, sur YouTube et sur Facebook) faisant mousser

l'impression des communiqués et disait être exaspéré par les avertissements de plus en plus populaires en bas des courriels : «Réfléchissez avant d'imprimer». «C'est une façon simpliste de parler de la destruction des forêts, rapportait le Globe and Mail, hier. Il y a une façon appropriée d'utiliser le papier. Les gens ne devraient pas se sentir coupables d'utiliser du papier.» Le discours de John Williams, qui affirme que Domtar plante trois arbres pour chaque arbre coupé, fait réfléchir sur le marketing sur le web qui est peut-être moins écologique qu'on ne le croit. «On pense aux arbres, mais on oublie l'équipement informatique, soulève Sylvie Dumoulin, présidente de la firme de design Oblik. On dépense des milliers de dollars dans notre parc informatique. Les systèmes d'exploitation deviennent vite désuets et certaines de leurs composantes ne sont pas recyclables. «