On a épuisé les lettres de l'alphabet pouvant suggérer la forme de la reprise économique en cours dans les économies avancées: U, V, W.

Chez UBS, ces signes ne font pas assez image, on compare plutôt le mouvement actuel au signe arithmétique de la racine carrée.

«À court terme, elle est dynamique, mais elle ralentira une fois que les stocks seront reconstitués», prévoit Stephen Freedman, stratège global en gestion de fortunes américaines chez UBS.

De passage à Montréal, M. Freedman, qui est établi à New York, croit que la croissance à moyen terme aux États-Unis sera de l'ordre de 2,0% à 2,5% d'ici le milieu de la décennie plutôt que les 3,0% à 3,5% auxquels les États-Unis avaient habitué économistes et investisseurs.

Les assises de la reprise actuelle sont assez bancales, étant donné qu'il faudra poursuivre le désendettement des ménages et surtout s'attaquer au défi fiscal de Washington.

En Europe, marquée par la stagnation au quatrième trimestre, la reprise prendra de la vigueur et se comparer à celle de l'Amérique du Nord avec un ou deux trimestres de décalage. «L'Europe a aussi un problème d'endettement des États, mais le bilan des ménages est meilleur», plaide-t-il cependant.

Il est d'avis que la zone euro parviendra à trouver une solution à la crise budgétaire de certaines de ses constituantes, quitte à les forcer à renoncer à une partie de leur souveraineté.

Le problème fiscal des États-Unis, lui, paraît plus difficile à surmonter, étant donné l'état d'esprit des Américains vis-à-vis de tout ce qui s'apparente à une taxe ou un impôt.

«Le dollar américain va s'affaiblir en deuxième semestre contre toutes les autres monnaies à l'exception du yen», ajoute-t-il, prévoyant comme d'autres que le huard se rendra jusqu'à 105 cents US d'équivalence.

Ce qui pousse le huard, outre la force des prix des matières premières qu'exporte le Canada, ce sont les anticipations de la politique monétaire. UBS estime que la Banque du Canada bougera avant la Réserve fédérale américaine (Fed). Elle aura porté son taux directeur à 2,5% à la fin de l'an prochain comparativement à 2,0% pour la Fed.

Cela dit, les taux des obligations du Canada venant à échéance dans 10 ans seront plus faibles qu'aux États-Unis à cause du meilleur état des fiances publiques de ce côté-ci de la frontière.

Dans un an, les taux canadiens devraient être de 4,0%, comparativement à 4,5% pour les obligations américaines. Hier, ils étaient respectivement de 3,66% et 3,84%.

M. Freedman ne croit pas pour autant que l'investisseur doive privilégier les actions canadiennes qui ont déjà valorisé la reprise. Il opte plutôt pour les titres européens et des pays émergents qui lui paraissent meilleur marché et plus attrayants.

«Les technologies restent notre secteur préféré.»