Les Canadiens ont beau aimer leur BlackBerry et le magasinage en ligne, les entreprises du pays n'ont pas adhéré au monde numérique autant que ses concurrentes ailleurs dans le monde.

Cela inquiète d'ailleurs le gouvernement conservateur, conscient du fait que l'adhésion aux technologies est directement liée à la productivité et à la prospérité. Les troupes de Stephen Harper prévoient lancer une vaste consultation au pays pour aborder ce problème.

Le ministre de l'Industrie, Tony Clement, a indiqué à La Presse Canadienne qu'il dévoilera bientôt un document de travail sur «la stratégie digitale dans l'économie» et qu'il interpellera quiconque qui a un point de vue sur la question afin qu'il le partage avec Ottawa.

M. Clement a expliqué avoir lu des études démontrant que plus les citoyens d'un pays avaient de la facilité à gérer les différentes facettes de leur vie en ligne, plus l'économie de ce même pays était concurrentielle.

M. Clement sera entouré du ministre du Patrimoine canadien, James Moore, qui étudiera la manière d'améliorer le contenu numérique. Le ministre des Ressources humaines, Diane Finley, examinera quant à elle la manière dont les Canadiens sont formés pour utiliser et créer de nouvelles technologies.

Un comité consultatif aidera M. Clement à analyser les commentaires reçus par le gouvernement.

Un leadership perdu

Vers la fin des années 1990, le gouvernement libéral avait fourni beaucoup d'efforts afin de conduire le pays sur «l'autoroute de l'information». Cela a d'ailleurs donné naissance à la première stratégie de commerce électronique, Rescol, qui visait à aider la population à se servir efficacement des technologies de l'information en facilitant le raccordement de toutes les écoles et bibliothèques à l'Internet.

De plus, le gouvernement de l'époque avait également modifié certaines lois canadiennes pour protéger la vie privée des usagers d'Internet et assurer que son utilisation était sécuritaire.

Mais le ministre de l'Industrie d'alors, John Manley, a éventuellement dirigé ses efforts vers d'autres priorités et l'avance du Canada dans le domaine des nouvelles technologies a rapidement fondu. Des pays comme les Etats-Unis, le Royaume-Uni et l'Australie ont dépassé le Canada grâce à de nouvelles stratégies dynamiques.

Le comité sur l'innovation dans les entreprises canadiennes du Conseil des académies canadiennes a révélé l'an dernier que l'investissement moyen par travailleur au Canada pour la formation sur les technologies de l'information et des communications représentait 60 pour cent de celui des travailleurs américains.

«Même si le Canada a été chef de file dans les technologies numériques dans le passé, nous avons perdu ce leadership au cours des 10 à 15 dernières années. C'est d'ailleurs quelque chose pour lequel il faut investir des efforts constants», a expliqué le ministre Clement, qui dit s'être récemment entretenu avec M. Mainley pour discuter de la question.

Ceux qui ont conseillé le gouvernement canadien dans le passé, notamment l'Association canadienne de la technologie de l'information, soutiennent que les conservateurs doivent examiner tous les secteurs de l'économie du pays dans lesquels les technologies numériques peuvent être mieux utilisées. Cela inclut toutes les secteurs de l'économie comme l'automobile et les mines.