Plus on s'approche de la retraite et moins on a de chance de chômer au Canada. L'inverse est malheureusement tout aussi vrai.

En février, l'économie canadienne a créé 20 900 emplois d'un océan à l'autre, dont 8700 au Québec, selon les données de l'Enquête sur la population active de Statistique Canada.Les experts tablaient sur un chiffre de 15 000, compte tenu des très forts progrès (43 000) de janvier. Notre monnaie en a profité pour gagner 57 centièmes face au billet vert. À 98,20 cents US, Rocket Huard paraît engagé dans l'atteinte prochaine de la parité.

Pas moins de 27 000 personnes âgées de 55 ans et plus ont déniché un emploi en février. Le taux de chômage des hommes et des femmes à tempes grises a diminué de trois dixièmes à 6,5%.

Pour l'ensemble des Canadiens, le taux des demandeurs d'emploi a plutôt reculé de 0,1% à 8,2%. Au Québec, il a grimpé d'une coche à 8,1% car la population active a augmenté davantage que les nouveaux postes. C'est un signe de confiance dans l'économie.

La récession a détruit 417 000 emplois depuis le sommet d'octobre 2008. L'embauche a repris depuis juillet à hauteur de 159 000 jobs, mais elle est très variable, selon les groupes d'âge et les types de travail.

Les tempes grises n'ont pas connu la récession. Sur le marché du travail, il s'en trouve aujourd'hui 144 000 de plus qu'en octobre 2008. L'agence fédérale attribue ce phénomène à la fois à la croissance de l'emploi et au grossissement de cette cohorte, compte tenu du vieillissement de la population.

«Tant mieux si les 55 ans et plus restent sur le marché du travail», s'exclame Yanick Desnoyers, économiste en chef adjoint à la Financière Banque Nationale. Les vétérans du marché du travail gagnent davantage.

En fait, observe M. Desnoyers, la masse salariale dépassait le mois dernier de 1% son sommet d'octobre, ce qui n'ira pas sans faire sourciller les autorités monétaires. Elles s'inquiéteront aussi du fait que la hausse annuelle du salaire horaire moyen est passée de 2,2% à 2,5% de janvier à février.

Chez les 24-55 ans, qui représentent le gros des travailleurs, les pertes se chiffrent encore à 215 000 emplois. La situation est en voie de se retourner puisque le solde des 12 derniers mois est un peu positif.

La récession a frappé très fort la petite cohorte des 15-24 ans, dont le statut est en général beaucoup plus précaire. Le mois dernier, les employeurs embauchaient 189 000 jeunes de moins qu'en octobre 2008. Le taux de chômage s'élève à 15,2%, en hausse de un dixième.

La répartition de l'emploi par activité est tout aussi inégale. «L'emploi dans le secteur des biens affiche toujours un manque à gagner de 326 000 emplois dont 206 000 sont issus du secteur de la fabrication alors que le secteur des services a surpassé ce sommet et même progressé de 67 000», observe Marie-Claude Guillotte, économiste chez Valeurs mobilières Banque Laurentienne.

Certains pensent déjà qu'une correction est prévisible ce mois-ci, compte tenu que la moitié des nouveaux jobs de février étaient en Colombie-Britannique, hôtesse des Jeux olympiques. D'autres objectent que le gros des personnes embauchées pour les Jeux étaient des bénévoles. La plus grande partie des postes créés dans la province était concentré dans la santé et les administrations publiques.

Le secteur public a absorbé toute l'embauche au cours du mois, à l'échelle du pays. Le secteur privé, qui s'était distingué en janvier, a légèrement licencié.

C'est peut-être le seul élément faible des données de février. Le nombre d'emplois à temps plein a bondi de 60 200, ce qui signifie que bien des postes à temps partiel se sont transformés en temps plein. L'étape suivante est généralement l'embauche.

On observe aussi une diminution significative du nombre de travailleurs indépendants, une catégorie qui regroupe souvent des personnes forcées de devenir entrepreneur et qui consentent à une détérioration significative de leur rémunération.

«Le marché du travail est déjà en hausse de 0,9% depuis son creux, signale Diana Petramala, économiste chez Groupe financier Banque TD. Si on exclut le transport et l'entreposage, l'emploi dans le secteur privé s'améliore aussi puisque presque tous les segments ont récupéré de 65% à 70% des emplois perdus durant la récession.»