Le mauvais temps du mois de février devrait se faire durement sentir sur les chiffres officiels de l'emploi aux Etats-Unis vendredi, malgré le ralentissement des licenciements dans le secteur privé annoncé mercredi par l'enquête de la société ADP.

Selon ADP, 20 000 postes nets ont encore été perdus dans le privé en février. Conforme à la prévision du consensus médian des analystes, ce chiffre marque un net ralentissement des licenciements par rapport à février.

Le cabinet de conseil en ressources humaines explique néanmoins que les deux tempêtes de neige ayant frappé la côte Est en février n'ont pas eu de répercussion sur son enquête, du fait de son modèle statistique, mais qu'elles ne manqueront pas d'affecter les chiffres officiels.

L'enquête ADP sort traditionnellement deux jours avant la publication du rapport mensuel sur l'emploi du département du Travail.

Selon leur consensus médian, les analystes prévoient que l'étude du ministère fera apparaître encore 20 000 destructions de postes en février, soit autant que le mois précédent, et une remontée du taux de chômage à 9,8% (contre 9,7% en janvier).

Mais ADP estime qu'il «ne serait pas déraisonnable» d'attendre que les chiffres officiels fassent apparaître en tout plus de destructions de postes que son enquête.

Analyste de la banque française Natixis, Inna Mufteeva a déjà indiqué qu'elle revoyait dans un sens défavorable sa prévision pour vendredi, sans toutefois préciser son pronostic.

Le rapport du ministère pourrait également revoir en forte hausse le chiffre des destructions d'emplois de janvier, mois qui a également été marqué par un très mauvais temps dans l'ensemble du pays, ce qui pourrait rendre encore un peu plus déprimant le tableau du chômage.

Le président de la banque centrale, Ben Bernanke, a jugé jeudi devant le Sénat que cela était fort probable, tout en insistant sur le caractère temporaire des effets liés au mauvais temps. Les chiffres officiels avaient fait apparaître une baisse surprise du taux de chômage à 9,7% en janvier.

La révision de janvier et les tempêtes de février pourraient déboucher sur des chiffres «horribles» vendredi, estime l'économiste indépendant Joël Naroff, qui n'exclut pas de trouver dans le rapport du ministère 100 000 destructions d'emplois et une remontée du chômage à 10%.

Pour ADP, le mauvais temps devrait «déprimer» les chiffres officiels pour février mais «doper» en retour ceux de mars.

Il faudra donc peut-être attendre jusqu'au mois d'avril pour avoir une idée claire de l'état réel du marché de l'emploi, estime M. Naroff, pour qui cette «incertitude n'est bonne ni pour les investisseurs ni pour les autorités monétaires».

Les indicateurs d'activité publiés lundi et mercredi par l'association professionnelle ISM tendent à prouver que l'économie américaine a continué de croître en février, un peu plus vite même que le mois précédent.

La reprise entamée à l'été tarde cependant à se traduire par des créations d'emplois. Si la probabilité de voir l'économie américaine rechuter en 2010 semble désormais quasi nulle, M. Bernanke a dressé fin février un tableau morose du marché du travail.

Les licenciements ralentissent mais les embauches ne repartent pas, et les autorités tablent sur un chômage très élevé pour toute l'année.

L'enquête ADP a apporté néanmoins quelques raisons d'espérer en faisant apparaître des créations d'emplois nettes dans le secteur capital des services pour le deuxième mois d'affilée, ainsi que de modestes embauches dans les entreprises moyennes, pour la première fois depuis janvier 2008.