Les consommateurs canadiens n'ont pas boudé les magasins durant le temps de Fêtes, sans pour autant se montrer compulsifs.

Les ventes des détaillants ont progressé de 0,4 % de novembre à décembre, d'un océan à l'autre, indique Statistique Canada, grâce surtout au bond de 1,7 % des affaires des vendeurs de voitures d'occasion.

Ce gain efface presque complètement le repli de 0,5 % de novembre. L'agence fédérale l'avait attribué en partie au temps doux qui avait amené les consommateurs à bouder les magasins de vêtements et d'articles de sport.

Par rapport à décembre 2008 au moment où la récession aura le plus freiné la consommation, les détaillants ont amélioré leur chiffre d'affaires de 6,7 %. Durant les 12 mois précédents, les ventes avaient plongé de 6,8 %. Elles restent en-deçà de 2,3 % du sommet de septembre 2008.

Au Québec, les progressions sont respectivement de 0,7 % et 6,3 %. Les ventes sont à seulement 0,9 % de leur sommet historique.

Cinq autres provinces ont enregistré des gains, les plus élevés étant en Alberta. Sur une base annuelle cependant, les ventes des détaillants de la province des scheiks aux yeux bleus ont à peine progressé.

Pour l'ensemble du trimestre, les ventes des détaillants canadiens ont augmenté de 7,4 % en rythme annuel, ce qui aura permis de jolies rentrées fiscales, tant à Ottawa qu'à Québec, qui en ont bien besoin.

Si on exclut l'ensemble du secteur automobile, les gains sont de 0,4 % en décembre et de 4,5 %, de décembre à décembre.

Ils ont été réalisés dans les magasins de meubles, d'habillement et de marchandises diverses, où se concentrent les grands magasins. Les marchands de matériaux de construction, les supermarchés et les pharmacies ont par contre enregistré de légers reculs. Le repli des ventes des Rona, Home Depot et autres BMR de ce monde étonne quelque peu, étant donné les succès des programmes de subventions à la rénovation et la vitalité du marché immobilier résidentiel. Sur un an, la progression de 6,4 % reflète mieux la popularité de ce crédit d'impôt venu à expiration le 31 janvier.

Comme il s'agit de données désaisonnalisées, d'apparentes aberrations peuvent apparaître d'un mois à l'autre. Ainsi en est-il du recul du chiffre d'affaires des magasins d'alimentation qui regorgent pourtant de victuailles et de gourmandises pour les Fêtes. De décembre à décembre, les ventes des magasins d'alimentation sont quasi stables, à 0,5 %, alors que les prix des aliments ont augmenté de 1,7 % en moyenne durant la période correspondante.

Exprimées en volume, les ventes des détaillants ont augmenté de 0,6 %. Il s'agissait de la cinquième hausse en six mois. Par rapport à décembre 2008, les volumes ont progressé de 4,9 %. « Au Canada, contrairement aux États-Unis, les ventes ont presque rejoint leur sommet d'avant la récession », observe Marc Pinsonneault, économiste principal à la Financière Banque Nationale.

Fait à signaler, le sommet américain est survenu durant l'été 2007, soit un an avant le sommet canadien. Cela fait ressortir la plus grande ampleur des souffrances du consommateur américain durant la dernière récession. « L'économie intérieure est très forte au Canada », ajoute M. Pinsonneault.

« Les ventes exprimées en termes réels ont augmenté de 4,7 % (en rythme annualisé) au quatrième trimestre de 2009, note Benoit P. Durocher, économiste principal au Mouvement Desjardins. Cela est de bon augure pour les dépenses de consommation, qui avaient progressé de 3,1 % au troisième trimestre. »

En fait Douglas Porter, économiste en chef adjoint chez BMO Marchés des capitaux, évalue leur hausse à 2,6 %. Il estime que les gains des derniers mois vont perdurer, compte tenu de l'amélioration du marché du travail.