Les perspectives que les prêteurs exigent un rendement accru pour les obligations émises par les États doivent inciter les épargnants à rechercher des titres de plus courte échéance.

Les augmentations des taux à long terme sont probables dès l'été ou l'automne prochain, d'autant plus que les entreprises reviendront plus tôt que tard concurrencer les gouvernements sur les marchés obligataires.

Avec la crise du crédit qui a éclaté à la fin de 2007, la plupart des États n'ont éprouvé aucune difficulté à vendre de la dette. Les investisseurs étaient tellement échaudés qu'ils refusaient de prêter aux entreprises.

L'action concertée des banquiers centraux aura permis le dégel du crédit et facilité les besoins d'emprunt des entreprises. En même temps, certains États, en Europe en particulier, n'ont plus la confiance des prêteurs, comme les récents problèmes de la Grèce en font foi.

Les entreprises bien capitalisées peuvent désormais de nouveau se financer sur les marchés obligataires et y concurrencer les États. Cela ne peut que faire grimper les taux d'émission et diminuer la valeur des titres déjà émis portant des coupons plus faibles.

Avant la fin de l'année, les obligations du Canada venant à échéance dans 10 ans devraient offrir un rendement de 50 à 75 centièmes de plus que maintenant, croient Michael Quigley et Gilles Chouinard, tous deux à la tête de la gestion de portefeuille chez Natcan.

Ces jours-ci, le rendement des 10 ans fluctue sur les marchés dans une fourchette de 3,25% à 3,50%. Plus les taux iront montant et plus les détenteurs actuels d'obligations venant à échéance dans 10 ans perdront de l'argent.

«Dans son portefeuille obligataire, on recommande de se garder des liquidités à redéployer plus tard dans l'année», expliquent-ils en entrevue.

Même à 4,0%, le rendement des titres les plus liquides sur le marché canadien reste relativement faible, si on considère que le taux d'inflation devrait osciller entre 2,0% et 2,5%.

Mieux vaut donc opter pour les titres dont les échéances varient de deux à cinq ans, croient nos experts.

Ils suggèrent en particulier de regarder de plus près les obligations municipales, qui rapportent en général de 30 à 35 centièmes de plus qu'une obligation du Québec. Cela dit, son rendement restera faible, aux environs de 2,25%.

Les titres d'entreprises de qualité, avec une note de crédit A par exemple comme c'est le cas des obligations émises par les banques, peuvent offrir 25 centièmes de plus, mais cela demeure modeste.

MM. Quigley et Chouinard recommandent aux épargnants de discuter avec leurs conseillers financiers pour optimaliser leur portefeuille obligataire dans cette conjoncture difficile. Il existe des fonds communs spécialisés avec des échéances moyennes différentes.

Plus un épargnant s'approche de la retraite et plus il devrait en principe placer une partie de ses billes dans les obligations.