Les technologies qui permettent à la planète de mieux respirer ont de l'avenir, tout le monde s'entend sur cette question. Mais l'avenir s'avère souvent trop loin et trop difficile à atteindre pour des entreprises qui misent là-dessus. Un bon modèle d'affaires, un marché prometteur et un financement de départ ne suffisent pas toujours. Voici l'histoire de trois entreprises vertes qui n'ont pas connu les succès espéré.

AAER

En attendant que le vent tourne

Le seul fabricant de turbines d'éoliennes au Canada peine à faire sa place sur un marché pourtant en pleine expansion. L'entreprise n'a pas participé au développement de l'industrie éolienne au Québec, qui a été laissé aux multinationales allemande, danoise et espagnole. Ses autres marchés potentiels, au Canada et aux États-Unis, ont été handicapés par la crise du crédit. La récession et la baisse des coûts de l'énergie qui ont suivi ont refroidi le marché des énergies vertes et rendu le financement plus difficile.

 

Résultat, AAER a dû réduire ses activités dans l'ancienne usine de Hyundai à Bromont et mettre à pied une partie de ses employés.

En panne de liquidités, AAER négocie actuellement un financement qui lui permettrait de réaliser la construction de 61 éoliennes à Mont-Louis, en Gaspésie.

En attenant l'issue de ces discussions, l'entreprise a retardé la publication de ses résultats financiers et les transactions sur son titre à la Bourse de croissance ont été suspendues. Au moment de la suspension, le titre valait 13 cents.

RAILPOWER

Investissement et déception

Railpower Technologies avait elle aussi une technologie prometteuse et un marché potentiel énorme. L'entreprise fondée par un ancien dirigeant de Bombardier Transport, José Mathieu, avait développé une spécialité intéressante, la conception de moteurs de locomotives moins polluants que les engins traditionnels au diesel.

Ça allait si bien que Railpower avait décidé d'investir dans une usine toute neuve à St-Jean-sur-Richelieu, avec l'appui financier du fonds de retraite des enseignants de l'Ontario (Teachers') et celui du gouvernement du Québec.

Le carnet de commandes de l'entreprise n'a pas pu soutenir ses ambitions. L'usine n'a jamais vu le jour et Railpower a dû demander la protection de la loi pour éviter la faillite en février 2009.

Railpower a cessé ses activités en avril dernier et sa technologie a finalement été rachetée pour une bouchée de pain par R.J. Corman Railroad Group, une entreprise privée de Nicholasville, au Kentucky.

ZENN

La petite auto mise au rancart

La petite auto tout électrique assemblée par ZENN à St-Jérôme a fait tourner bien des têtes, mais elle n'a pas réussi à faire un long bout de chemin sur le marché. Le véhicule mis au point par ZENN (pour Zero Emission No Noise), a une vitesse maximale de 40 km/h et une autonomie d'une centaine de kilomètres. Son prix de vente était de 15 000 $ à 16 000 $ selon les options.

La ZENN avait réussi à obtenir le droit de rouler sur les routes du Québec dans le cadre d'une expérience pilote du ministère des Transports. Ce coup de pouce aurait dû permettre d'augmenter la production de deux à trous véhicules par jour jusqu'à une trentaine.

Mais le marché cible de ce type de véhicule restait limité. Trop limité, reconnaît la compagnie elle-même, qui vient d'annoncer qu'elle mettra fin à l'assemblage de la ZENN à St-Jérôme avant le 30 avril 2010. Une dizaine de personnes y travaillent. Depuis ses débuts, en 2006, l'entreprise aura vendu environ 500 voitures.

ZENN, dont le siège social est à Toronto continue ses activités, mais elle se concentrera désormais dans les composantes de véhicules électriques, avec son partenaire Eestor, qui se spécialise dans la fabrication de batteries.

Le titre de ZEEN Motor valait hier 4,13$. Depuis un an, l'action a oscillé entre 1,80 et 6,50$ à la Bourse de croissance.

 

1000

Le nombre approximatif d'entreprises de technologies propres au Québec.

8,4 milliards US

Les investissements de capital-risque en technologies propres dans le monde en 2008.

400 milliards US

Sommes investies dans les projets «verts « par les pays du G20 via les programmes de stimulation économiques.

Sources : Écotech Québec, Cycle Capital Management et Cleantech Group