Le Canada est officiellement sorti de récession à la fin de l'été, mais de justesse, la croissance de l'économie ayant été moins forte que prévu après trois trimestres de contraction.

Le produit intérieur brut (PIB) a progressé de 0,4% en rythme annuel au troisième trimestre par rapport au trimestre précédent, a indiqué lundi l'institut national de la statistique dans un communiqué.

Ce retour à la croissance a mis fin à la première récession au Canada depuis 1992, mais il a été beaucoup plus timide que ne l'espéraient les analystes, qui tablaient sur une augmentation de 0,6% du PIB en rythme annuel.

«La performance de l'économie canadienne est aussi plutôt décevante par rapport à la croissance de 2,8% de l'économie américaine pendant la même période», a souligné Diana Petramala, économiste à la banque TD.

La progression du PIB a été également beaucoup plus faible que celle attendue par la Banque du Canada, qui tablait encore le mois dernier sur une croissance de 2% au troisième trimestre.

«Aussi faible soit-elle, la hausse (...) est suffisante pour marquer la fin de la récession», a toutefois noté le Mouvement Desjardins, première institution financière du Québec.

Néanmoins, par rapport à la même période en 2008, l'économie canadienne a vu sa taille diminuer de 3,2% au troisième trimestre.

Le Canada était entré en récession au quatrième trimestre 2008, avec une contraction de 3,7% de l'économie en rythme annuel, suivie d'un déclin de 6,2% au premier trimestre et d'une diminution de 3,1% au deuxième trimestre.

La progression du PIB au troisième trimestre s'explique par une performance meilleure que prévu de l'économie au mois de septembre, où elle a crû de 0,4% par rapport au mois précédent, «après être demeurée essentiellement au même niveau de juin à août», a indiqué Statistique Canada.

«Les détails du rapport révèlent des perspectives favorables pour l'économie canadienne», a estimé Mme Petramala, de la banque TD, en notant la hausse de 4,7% de la demande intérieure en rythme annuel, «un signe clair que les moteurs de l'économie tournaient à fond de train».

L'économie a été tirée par les dépenses de consommation (+3,1% en rythme annuel), ainsi que par les investissements des entreprises dans de nouveaux équipements (+25%), a noté l'économiste.

La croissance a toutefois été freinée par la détérioration du solde commercial avec l'étranger, soulignent les économistes.

Les exportations étaient en hausse de plus de 15% en rythme annuel, mais cette augmentation, «vraisemblablement attribuable à une reconstitution des stocks aux Etats-Unis et ailleurs dans le monde, sera de courte durée», a-t-elle ajouté.

De plus, cette hausse a été plus qu'annulée par l'augmentation des importations, qui ont bondi de 36% en rythme annuel au troisième trimestre.

«Les Canadiens dépensent, mais pas sur ce que nous fabriquons au pays, ce qui explique que le Canada soit à la traîne des autres grandes économies dans cette sortie de récession», a commenté Avery Shenfeld de la banque CIBC.

S'ils s'attendent à un rebond de la croissance au dernier trimestre 2009, compris entre 3 et 3,5%, les économistes estiment que celle-ci sera freinée par la force du dollar canadien par rapport au billet vert américain, qui pénalisera les exportations.

Dans ces conditions, la Banque du Canada va maintenir son taux directeur à 0,25% jusqu'au second trimestre de 2010, estime la Banque Royale.

Après une contraction de 2,4% en 2009, l'économie canadienne devrait progresser de 3% en 2010, selon la Banque centrale.