La tempête économique a perdu en intensité mais le rétablissement des pays développés pourrait être compromis s'ils négocient mal la suppression progressive des mesures anticrise, a mis en garde jeudi l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

L'organisation, qui regroupe 30 des plus riches pays du globe, a relevé ses prévisions: après avoir dégringolé de 3,5% cette année, le produit intérieur brut (PIB) de la zone OCDE devrait progresser de 1,9% en 2010 puis de 2,5% en 2011.

Principales raisons: le rebond du commerce mondial et le dynamisme des grands émergents (Chine, Inde...).

Seuls cinq pays de la zone, dont l'Espagne, devraient rester dans le rouge l'an prochain, selon les économistes de l'OCDE.

La reprise sera toutefois «modeste» et soumise à de «fortes» incertitudes, a prévenu l'organisation. Elle pourrait notamment pâtir d'un maintien prolongé des imposantes mesures de relance prises par les États. Celles-ci ont permis d'atténuer les effets de la crise mais elles ont fait exploser les déficits.

«Beaucoup de ces interventions, si elles étaient appropriées durant la crise, seraient dommageables si elles restaient en place trop longtemps», écrit l'organisation qui tire la sonnette d'alarme: la dette publique dans la zone OCDE pourrait en moyenne «dépasser» son PIB d'ici à 2011.

Dans le même temps, un retrait prématuré de ces mesures risquerait de «perturber» le retour de l'activité, reconnaît l'Organisation qui estime que la question du «timing» constitue «l'un des principaux problèmes» de ces prochaines années.

«Il sera très difficile d'engager une suppression ordonnée et cohérente des mesures dictées par la crise», note le rapport.

Sans trancher la question, l'OCDE juge «indispensable» que les États planifient dès maintenant leur «stratégie de démantèlement des politiques anticrise» et fournissent une «communication crédible» sur leur volonté d'assainir leurs finances publiques.

«Une préparation et une communication bien articulées autour des stratégies de sortie renforcerait la confiance», a estimé le secrétaire général de l'organisation, Angel Gurria, lors d'une conférence de presse à Tokyo.

S'agissant des politiques monétaires et du faible niveau des taux d'intérêt, les banques centrales devront, elles aussi, «préciser les règles du jeu» pour éviter que leurs actions soient mal interprétées, estime l'OCDE.

Les inquiétudes se concentrent également sur le front de l'emploi. «La faiblesse du rythme de croissance signifie que l'amélioration sur le marché du travail aura lieu plus tard que prévu et sera faible», a déclaré Angel Gurria.

Fin 2010, la zone OCDE comptera 21 millions de chômeurs de plus qu'à la fin de 2007, soit un total de plus de 50 millions.

Le taux de chômage devrait alors grimper à 9% de la population active, contre 8,2% en 2009, amputant les revenus des ménages et menaçant à terme la consommation, selon le rapport.

Autre risque, la chute d'un grand établissement financier à l'image de celle de Lehman Brothers.

Pour parer à une telle éventualité, l'OCDE conseille aux États de maintenir la pression sur les banques. Les prochaines régulations du secteur, estime-t-elle, devront inciter les établissements à «limiter leurs tailles» afin d'éviter le syndrome du «too big to fail» (trop gros pour faire faillite).