Combien vaut le signal de Radio-Canada ou de TVA? À la base, un gros zéro, répond Bell. Encore plus depuis que certaines de leurs émissions sont diffusées gratuitement sur l'internet.

«Sur l'internet, les chaînes généralistes pouvaient choisir entre plusieurs modèles d'affaires et elles ont choisi leur vieux modèle basé sur la publicité, dit Mirko Bibic, chef des affaires réglementaires de Bell Canada. Elles diffusent gratuitement sur l'internet et veulent ensuite avoir des redevances sur le câble qui feront en sorte que les consommateurs paieront plus cher. Ça n'a tout simplement aucun sens.»

 

Bell fait aussi valoir que seules les chaînes généralistes américaines obtiennent des redevances des câblos, et seulement en territoire américain. Au Canada, leur signal est gratuit. En Europe, les chaînes généralistes sont aussi gratuites.

Comparaissant hier après-midi devant le CRTC, Bell a tenu à relativiser l'urgence de la situation. Selon les chaînes généralistes, l'avenir de la télé au pays est entre les mains du CRTC, qui rendra sa décision au milieu de l'hiver. «On ne peut pas dire simplement que le ciel nous tombe sur la tête parce que les télés généralistes n'ont pas généré leurs profits habituels, notamment à cause de la récession qui touche tous les secteurs de l'économie», dit Mirko Bibic.

Actionnaire de la chaîne généraliste anglophone CTV à hauteur de 15%, Bell s'oppose à de nouvelles redevances sur les revenus des abonnements du câble. Bell soutient avoir perdu 2,2 milliards de dollars depuis 1997 avec son réseau de distribution par satellite Bell Télé (anciennement ExpressVu). «Nous n'avons pas demandé de plan de sauvetage quand nous perdions beaucoup d'argent, dit Mirko Bibic. Encore aujourd'hui, nous ne faisons toujours pas d'argent avec le satellite, même si nos pertes sont devenues plus modestes.»

Bell rejette aussi l'idée d'un service de câble de base à coût moindre lancée par Radio-Canada plus tôt en matinée. «Nous perdons déjà de l'argent avec notre service de base à 35$», dit Mirko Bibic.

En clair, Bell tient à sauvegarder le contenu canadien, mais pas nécessairement les chaînes généralistes qui le diffusent actuellement. «C'est aux chaînes généralistes d'exploiter leurs stations de façon à faire des profits, dit Mirko Bibic. Ce n'est pas parce que les chaînes généralistes ont toujours été importantes pour le système et le contenu local qu'il faut qu'on les sauve. Selon cette logique, le Pony Express et le télégramme existeraient encore. Nous pensons qu'il faut plutôt être neutre technologiquement. Ce qui nous intéresse, ce sont que les Canadiens aient accès à du contenu local. Qui offre ce contenu n'a pas d'importance à nos yeux.»