Le Fonds monétaire international a estimé dans un rapport publié mardi que les déficits budgétaires des économies développées allaient peu diminuer en 2010 par rapport à 2009, malgré le retour de la croissance.

«En excluant les pertes dues aux mesures de soutien au secteur financier, les déficits vont selon les projections s'accentuer dans les économies développées du G20 en 2010», a résumé le Fonds dans un communiqué, en publiant son «Rapport de surveillance budgétaire multinational» trimestriel.

Selon les estimations du FMI, le déficit devrait passer de 9,7% du produit intérieur brut en moyenne pour les «économies développées du G20» en 2009, à 8,7% en 2010. Et hors aide à la finance, il devrait passer de 8,2% à 8,4%.

Le FMI table pourtant sur une croissance de 1,3% en 2010 dans les pays développés, contre une baisse du produit intérieur brut de 3,4% en 2009.

Il explique ce phénomène par «une baisse des mesures de relance plus qu'effacée par la hausse des stabilisateurs automatiques (dépenses sociales, ndlr), l'aggravation de la sous-utilisation des capacités de production et l'accroissement des autres types de dépenses».

Par rapport au rapport publié le 30 juillet, ces chiffres sont «quelque peu meilleurs», a relevé le FMI.

Mais la tendance à l'explosion de la dette publique demeure. Sauf «vaste ajustement budgétaire», la dette moyenne des pays riches du G20 devrait passer de 98,9% du PIB en 2009, à 106,7% en 2010 et 118,4% en 2014.

La France ferait un peu mieux que cette moyenne, avec une dette équivalant à 78,0% de son PIB en 2009, 85,4% en 2010 et 96,3% en 2014.

Et «le Japon, le Royaume-Uni, l'Irlande et l'Espagne sont selon les projections les pays qui auront besoin du plus grand ajustement budgétaire», a indiqué le Fonds.

La conséquence directe sera une hausse des taux d'intérêt, rendant encore plus difficile la réduction du déficit budgétaire.

«Une dette qui se stabiliserait à ces niveaux-là entraînerait des hausses de taux d'intérêt allant jusqu'à deux points de pourcentage à un niveau mondial», a relevé le FMI, «ce qui n'est pas une conséquence négligeable» selon le directeur des Affaires budgétaires du Fonds, Carlo Cottarelli.

L'institution s'inquiète du «risque que la dette publique puisse connaître un effet boule de neige sans mesure de correction» et souligne «la nécessité pour les gouvernements d'annoncer des stratégies de sortie crédibles maintenant, même s'il est prématuré de commencer à arrêter le soutien budgétaire» à l'économie.

«Il est clair que cette clarification de la stratégie budgétaire n'a pas encore eu lieu», même si «les pays du G20 ont reconnu que c'était nécessaire», a ajouté M. Cottarrelli lors d'une conférence téléphonique.